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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Européennes : retour sur le score du PCF

Solidaire

Nous reprenons ici une analyse du score du Parti communiste aux dernières européennes faite par Nicolas Maury.

Rien à redire !

Solidaire

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La poussière est retombée, mais les analyses des résultats pâtissent d'une certaine fainéantise intellectuelle. L'échec du PCF et de la gauche (au sens large) serait la conséquence de la désunion et donc la réponse politique serait dans l'union et la recherche d'un "big bang", où l'éternel retour aux stratégies de l'effacement
 
Sur les résultats du PCF aux élections européennes
 
2,49% des votes exprimés se sont reportés sur notre liste pour les élections européennes. Ce sont 564.717 preuves qu'il y a encore un place pour le PCF dans ce pays.

Déçu nous le sommes toutes et tous, d'autant plus qu'une belle dynamique militante c'est mise en place ces derniers mois avec Ian Brossat et ses colistier.e.s.

Nous subissons de plein fouet plusieurs facteurs politiques :

1- Le recul du mouvement communiste international.

Notre faible score est aussi connu d'en d'autres pays, européens comme extra-européen. Rappelons nous des résultats des communistes en Inde la semaine dernière, rappelons nous le revers du Parti Communiste Japonais l'an dernier ... Aujourd'hui, au niveau international, l'idée communiste a reculé et connait une période de régression sans précédent depuis les années 90. Des outils internationaux nouveaux doivent se développer pour reprendre pied.

2- La puissance des médias, et des faiseurs d'opinion.

Une fois de plus, sans militer plus que cela, des partis médiatiques ont remporté les élections. Voulu par les médias, le RN et LREM se sont imposés et ont été imposé comme seule créneau politique. Là aussi, il nous faut continuer notre pratique médiatique développée avec brio lors des élections européennes. Nous avons trouvé des portes-paroles efficaces, une équipe nationale de communication brillante, et il y a encore beaucoup à faire pour briser le blocus médiatique qui nous touche.

3- 12 années d'absence en politique nationale.

Qui aurait pu croire, il y a seulement six mois, que le Parti Communiste Français après douze ans d’absence dans des élections nationales (présidentielles) réussirait simplement à exister ? Mais de longues années d'absences à des élections nationales nous ont coûté cher et notre effacement au nom de "l'union à tout prix de la gauche" nous a effacé au profit d'autres forces, notamment, hier du Parti socialiste et aujourd'hui de la France insoumise.

4- Une idéologie trop flou et peu lisible

Pas grand chose nous distingue des forces de la gauche "radicale" et des forces sociale-démocrates dite de "gauche". Or avec le même discours politique, les électeurs et les électrices préféreront toujours la force politique la plus crédible et la plus médiatique. C'est pour cela qu'une partie, non négligeable, de notre électorat traditionnel a soutenu la France insoumise.

Il devient donc très important de réaffirmer notre engagement communiste, à ne pas le réduire à une injonction"d'unité de la gauche", sans réaffirmer au préalable notre utilité politique, notre originalité, nos buts et en quoi la société que nous voulons n'est pas celle de sociale-démocratie radicale, ni celle d'un capitalisme social, mais une société sans classe, sans aliénation, tournée vers la coopération, la répartition du travail et des richesses qui en découlent, et enfin de paix.
 
 
Continuer à reconstruire le Parti Communiste

Dans la période actuelle, nous devons donc nous interroger sur notre idéologie et continuer les travaux du congrès. Revenir dessus, invalider ses thèses sans autocritiques ne provoquerait qu'un retour à statu-quo politique qui a conduit à notre effacement.

Nous avons trouvé dans cette campagne de nombreuses et nombreux portes-paroles du PCF. Avec le travail remarquable de Ian Brossat, de ses candidat.e.s, et même d'une grande partie de notre direction nationale, nous avons à notre disposition une puissante réserve de communistes en capacité de construire des dynamiques nouvelles.

Mais il convient de réaffirmer nos valeurs et de nous distinguer de nos concurrents "radicaux".

Les Partis communistes tirent leurs puissances de plusieurs facteurs :

1- De l'idéologie communiste et du modèle de société que nous voulons.

A travers le marxisme et le léninisme (j'insiste sur ces termes) nous disposons de grilles d'analyses fortes, qui permettent de rejeter les fausses alternatives du populisme post-moderniste, cet anti-matérialisme outil de la bourgeoisie pour diviser le prolétariat et l'éloigner de la lutte des classes.

Méfions-nous de la sur‑responsabilisation des individus, au détriment du collectif et de la puissance de la conscience de classe. La bourgeoisie sait rester unie pour défendre ses intérêts comme classe sociale détenant les moyens de production et d'échange. Elle sait aussi diviser le prolétariat en utilisant des moyens idéologiques redoutables, sans rentrer ici dans le détail, le post-modernisme est aujourd'hui utilisé comme un puissant facteur jouant en faveur de ses intérêts pour éloigner le prolétariat des combats pour son émancipation. A chaque fois la bourgeoisie manœuvre et continue tranquillement d'arracher la plus-value du travail.

2- Des militant.e.s et de son implantation dans le prolétariat.

Nos 50.000 adhérent.e.s sont une force, mais nous avons subit des années de chute de nos effectifs (décès, mais aussi abandon) et nous rencontrons de plus en plus de difficulté à tenir le terrain et organiser des campagnes longues. Cette chute du nombre d'adhérent.e.s, liée à des choix politiques catastrophiques ces dernières années (mutation, effacement, Front de gauche ...) nous ont conduit perdre notre lien avec les organisations historiques du prolétariat (syndicats et apparentés) et à reculer dans les lieux de vies de ce dernier, sans non plus comprendre la mutation de la classe ouvrière et l’émergence d'un lumpenprolétariat dans les quartiers populaires.

3- De l'organisation d'une contre société, ce qu'en France nous avons connu avec le communisme municipal.

La force du PCF est d'avoir su organiser, dans ses villes, des sociétés nouvelles au service de la classe ouvrière et en opposition aux ravages du capitalisme. Aujourd'hui, avec la mutation de l'économie et le recul de la production manufacturée au profit de la production de services, restriction dans les dotations, perte de revenus, nos villes ont connu d'important changement sociaux. Or, avec cette profonde mutation, nous sommes passés du communisme municipal créant une contre société à une politique de gestion d'un filet social face aux coups porté contre le prolétariat, d'une visée communiste à une visée humaniste.

Ce qu'il ne faut pas faire :

Proclamer, à partir d’arithmétique électorale, que la "gauche" auraient été plus fort si elle avait été unie. C'est faux pour plusieurs raisons :

1- La "gauche" signifie quoi aujourd'hui ? Comment s'inscrit-elle dans ce monde ravagé par le néolibéralisme et le triomphe intellectuel du postmodernisme ?

2- Les principales formations dites ou supposées de gauche s'en détachent (FI, EELV).

3- Notre échec n'est pas du fait de notre division, mais bien d'un recul de la conscience de classe qui a amené les ouvriers-ouvrières et les employé.e.s vers l'abstention (60%) et vers le Rassemblement National (20%).

4- Enterrer les conclusions du dernier congrès du Parti à partir de ces logiques d’arithmétiques.

Ce qu'il faut faire

- Sortir de ces analyses arithmétiques d’addition de scores électoraux ou de sondages.

- Poser les bonnes questions : Pourquoi le prolétariat de vote pas et si il vote pourquoi il préfère le RN ?

- Reconstruire une conscience de classe, dans les luttes, dans les lieux de vie, et aussi dans nos rangs.

- Continuer les travaux du Congrès et appliquer les décisions de ce dernier.

- Revoir notre apport théorique, sortir de l'ornière de la gauche radicale pour retrouver notre exception communiste qui doit faire de nous un parti de classe (et non de gauche), de masse (et non du peuple de gauche) et révolutionnaire (et non réformiste).
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