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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Sarkozy, l'homme qui fait parler les muets

Solidaire

"Les ministres doutent de la méthode Sarkozy". Tel est le titre d'un article du Monde daté du 28 février qui rapporte les jérémiades des grands brimés gouvernementaux. Après les généraux de la Grande Muette, ce sont donc les ministres, d'ordinaire d'une discrétion sans égale, qui montent au créneau. Le bruit et la fureur...


Sarkozy : les ministres se plaignent

En "off", bien entendu, mais l'affaire n'est pas anodine, loin de là. Nicolas Sarkozy n'assume plus les "mille et une réformes" et mesures qu'il a promises, multipliant les reculs : réforme des lycées, enseignement supérieur, travail du dimanche pour les plus récentes. Et le gouvernement ne suit plus.


"Sarkozy ne vire pas"

Envoyés au front armés jusqu'aux dents et chargés d'instructions formelles et sans ambigüité, les ministres reviennent le plus souvent des combats en lambeaux, finalement contredits par le Général. Borloo, transparent dans son ministère, Jégo, ridiculisé en Guadeloupe, Pécresse et Darcos, remballés dans les cartons... Tous ceux-là sont remplacés par des médiateurs envoyés sans avis de réception par l'Elysée. Albanel, Lagarde et Woerth, qui apprennent le contenu de leurs lettres de mission en direct à la télévision. Dati, Laporte, Yade, ..., qui orneront les oubliettes du Château pendant les siècles des siècles. Plusieurs ont déjà proposé leur démission, mais "Sarkozy ne vire pas", constate une ministre.


L'intendance ne suit plus

Régulièrement contredits par le président ou ses conseillers, les ministres ne savent plus à quel saint se vouer. De fait, l'équipe gouvernementale est devenue totalement inaudible. L'article du monde ne cite aucun nom, mais son auteur, Arnaud Leparmentier, rapporte les propos pour le moins critiques de quelques hautes personnalités. "Une fois qu'on a décidé, on n'est pas capable de suivre les réformes. C'est humainement, administrativement, impossible", déplore un conseiller de l'Elysée. "Nicolas Sarkozy doit faire ce qu'il ne sait pas faire : travailler en équipe et valoriser ses ministres. La question est de savoir s'il est capable de se remettre en question après deux ans de pouvoir", exhorte un ministre.

Pourtant, le chef des Armées reste droit dans ses bottes. Attribuant sa baisse de popularité à la crise économique, il ne souhaite rien vouloir changer. "D'une sérénité absolue", selon un ministre, il reporte systématiquement ses erreurs sur les membres de son gouvernement. Le régime parlementaire brutalement transformé en régime présidentiel, mais sans les contrepouvoirs, les ministres sont à la fois en situation de grande précarité et totalement abandonnés à eux-mêmes. Dans ces conditions, plaire au président devient le critère politique prépondérant. Mais le chef de l'Etat est de plus en plus inaccessible et les relations avec ses conseillers sont pour le moins tendues.


Le vrai gouvernement est à l'Elysée

Guéant, Soubie, Perol, Levitte, Ouart et consors règnent en maître sur la France. Bien souvent, les ministres sont informés après coup (à la télévision pour certains) des décisions prises au sommet. "Les conseillers sont infiniment plus importants que les ministres", déclare Copé. "Le seul type non humilié, c'est l'ami du président, Brice Hortefeux. Ce système détruit l'idée de gouvernement", rapporte Jean-Louis Bourlanges. "Ce ne sont pas les gens qui sont faibles, c'est l'organisation", résume un secrétaire d'Etat.

En outre, même lorsque les cadres ministériels font preuve de bonne volonté, l'activisme et le réformisme-à-la-volée de Nicolas Sarkozy brisent toute cohérence globale de politique gouvernementale. Pécresse, Darcos et Jégo en sont témoins. Mais "les ministres ne disent rien, ils s'occupent de rester ministre", affirme un conseiller mécontent de la situation. L'instauration des réunions du "G7 Sarkozyen", rassemblant les proches du chef de l'Etat, ont contribué à fissurer un peu plus une équipe déjà malmenée et peu harmonieuse. D'autant que Nicolas Sarkozy semble aujourd'hui la dédaigner : "la dernière fois, nous avons été reçus par Claude Guéant", au sujet du sommet social, se lamente un participant. Et personne ne moufte. Tout juste quelques chuchotis dont on espère qu'ils arriveront à l'oreille du Boss.


Citation du jour : "Tout ce qu'il fait est admirable ! Il fait entendre les sourds et parler les muets!" (Evangile selon Marc)

(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")

 

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