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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Avec Europe-Ecologie, Daniel Con-Bandit fait basculer les Verts à droite

Solidaire
Les verts débutent leur université d'été à Nîmes. L'occasion de faire le point sur une refondation à droite d'une Ecologie politique jusque là classée à gauche.

Protéger la nature des dérives de la société de consommation occidentale : c'était la généreuse et nécessaire idée qui a prévalu au lancement de l'écologie politique dans les années 70 avec René Dumont, candidat aux présidentielles de 1974.

En s'attaquant au schéma consumériste et productiviste de la société capitaliste, l'écologie politique se plaçait de fait sur un champs politique de gauche. Les valeurs d'humanisme et de solidarité rejoignaient largement celles des partis "traditionnels" de la gauche française.

C'est ainsi que le parti-phare de l'écologie, les Verts, s'est retrouvé associé à de nombreuses alliances politiques à gauche . Cela a permis l'élection de plusieurs députés, sénateurs ou conseillers municipaux verts.

Mais l'appétit venant en mangeant, certains chez les Verts ont considéré que les autres partis de gauche ne leur laissaient pas la place qu'ils méritaient. C'est ainsi que certains ont tenté de rompre le cordon ombilical avec la gauche, comme Brice Lalonde ou Antoine Waechter. D'autres rongeaient leur frein en attendant l'occasion de sortir du bois.

La préparation des élections européennes à changer la donne. L'équilibre interne chez les Verts s'est rompu au profit des éléments les plus à droite du mouvement.

Il est vrai que les Verts vivaient déjà en totale contradiction depuis le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen de 2005 puisque ce parti avait appelé à voter Oui. Un reste de l'utopie européiste du mouvement.

L'arrivée de Daniel Cohn-Bendit a permis de brouiller définitivement les cartes.

D'abord par la personnalité ambigü du personnage. Bien que classé à droite chez les Verts allemands (eux-mêmes déjà bien "centristes"), Cohn-Bendit garde l'apparence du trublion grande-gueule mais sympathique aux yeux des nostalgiques de mai 68.

Ensuite, l'arrivée de José Bové a donné une caution de gauche à la liste Europe-Ecologie.

Pourtant, le programme de la liste cautionnait intégralement l'intégration européenne dans sa version libérale (relire : L'écologie est incompatible avec le capitalisme !  ) tandis que José Bové a opéré durant la campagne une magnifique volte-face politicienne sur le TCE ( Non au Traité européen : Bové retourne sa veste !  ).

Par la suite, les déclarations de Cohn-Bendit en faveur de la candidature de François Fillon à la tête de la commission de Bruxelles ou le soutien des Verts à la scandaleuse taxe Carbone confirment l'intégration politique des Verts dans le camps libéral.

Associer vert et orange : quelle faute de goût !

Les premières annoncent de Cohn-Bendit à l'ouverture de l'université d'été n'ont pas de quoi rassurer !

Outre que les Verts se voient désormais comme le premier parti de gauche de France (conséquence d'années de fumettes dans leur jeunesse !), leur vision de la gauche intègre désormais le MODEM de François Bayrou.

Et pourquoi pas le Nouveau Centre ou l'aile "gauche" de l'UMP ?

Certains ne s'y sont pas trompés comme la députée de Paris, Martine Billard, membre des Verts depuis 16 ans et qui a claqué la porte de ce parti en juillet en critiquant "cette évolution au centre que subissent les Verts avec Europe Ecologie" . Elle pointe l'arrivée en force au sein d'Europe Ecologie de militants de Génération Ecologie, mouvement classé à droite.

L'orientation prise par Europe-Ecologie peut inquiéter ceux qui, au sein des écologistes, savent pertinemment qu'on ne peut pas diminuer l'impact des activités humaines sur l'environnement sans changer le mode de consommation donc le mode de développement économique.

Le calcul politique des Verts pourra éventuellement leur permettre d'exister politiquement aux prochaines élections. Mais, à la différence des européennes où il est de bon ton de se dédouaner de toutes les décisions prises par le Parlement, il faudra bien que l'attelage hétéroclite Europe-Ecologie prenne ses responsabilités au niveau des Régions.

Et pour les militants comme pour les électeurs, la réalité libérale des orientations politiques des leaders écologistes contredira dans les faits les beaux discours naturalistes de la campagne électorale.
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