Article paru dans GOOSCH.lu n°142 du 26 avril 2007
L’échec de Le Pen répète l’échec de Haider en Autriche et de la Ligue du Nord en Italie. Elle ne signifie pas la disparition de la droite autoritaire et xénophobe mais par son intégration dans le néo-conservatisme ce qui augmente son pouvoir de nuisance. Le succès de Sarkozy sonne le glas du gaullisme et du rêve d’une Europe européenne. Il s’inspire du modèle de Bush, Berlusconi et Aznar et poursuit le but d’un ensemble impérial atlantique. Cette option risque de réveiller en Allemagne la droite dure (Oettinger, Seebohm, Mertz, Huber) et concentre en elle tous les dangers d’une dérive autoritaire.
Bayrou ne pourra pas arbitrer le duel présidentiel sans mettre en danger son projet. Les appels à Strauss-Kahn et à Delors et les avances de Kouchner, Cohn-Bendit, Rocard montrent cependant qu’il s’agit de détacher une partie de la social-démocratie de la gauche. Ce scénario correspond à ce qui est en train de se passer en Allemagne avec le gouvernement Merkel-Müntefering et en Italie avec la fusion des Démocrates de Gauche (ex-PCI) et de la «Margarita» de Prodi et de Rutelli, bientôt rejoints par l’aile droite de l’ancienne Démocratie Chrétienne dans un parti démocrate à l’américaine avec comme programme le social-libéralisme, c.à.d. l’acceptation du libéralisme économique avec un visage plus humain.
A la gauche de la gauche seul Olivier Besancenot émerge du naufrage. Il a échappé à l’attraction du vote utile en faisant entendre un message clair. C’est le succès de son talent plus que la preuve de la vitalité de la LCR ou d’une option révolutionnaire. La LCR reste un parti sans implantation locale et sans organe de presse véritable. Sa tentation sera de prolonger son succès pour construire seul l’espace politique à gauche d’une social-démocratie qui vire au centre.
L’échec de la gauche anti-libérale en France est du à sa dispersion, elle est donc provisoire. Arrivera-t-elle à ramasser les débris, à se remettre debout et à recommencer là où elle s’est arrêtée en décembre pour construire un large rassemblement anti-libéral, uni et divers, dépassant l’esprit de chapelle, implanté dans les syndicats et dans les communes, pesant d’un poids réel sur l’échiquier politique et social? C’est ce qui est en train de se réaliser en Allemagne avec la «Linke» qui a réussi sa fusion et en Italie avec le rapprochement entre Rifondazione Comunista, le PDCI, les Verts et la gauche du DS.
Socrate