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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

En Espagne : une alternance sans alternative

Solidaire

Les espagnols ont voté ce week-end lors d'élections législatives anticipées. Une hausse de l'abstention (de 3 % à 28 %) et une victoire nette de la droite traduisent l'absence de perpspectives crédibles d'alternative politique en Espagne malgré le bon score des communistes et de leurs partenaires de Izquierda Unida (La Gauche Unie).

La crise du capitalisme touche durement l'Espagne, comme chacun sait. Les deux piliers économiques du pays, le tourisme et la construction, sont en crise, surtout la construction. De nombreux espagnols ont perdu leur emploi ces dernières années et le chômage atteind allègrement les 20 %, largement plus chez les jeunes. Et pour les autres, la précarité fait des dégâts, en terme de revenus et de stabilité professionnelle.

C'est cette situation qui a permis l'émergence d'un mouvement d'indignés ("Indignados") particulièrement puissant et implanté, avec plusieurs centaines de milliers de participants aux initiatives prises ces derniers mois.

Malheureusement, l'absence de perspectives politiques offertes par ce mouvement limite ses résultats. Alors que le pays connaissait hier des élections législatives anticipées, justement pour pallier à l'incapacité des socialistes à faire passer leurs contre-réformes sociales, les électeurs ont opté... pour la droite.

Dans le contexte sociale et politique espagnol, on aurait pu s'attendre à une hausse de la participation et à un vote contre le système capitaliste et les partis qui défendent ce modèle économique. Le discours antisystème mais apolitique des Indignés n'a pas permis une radicalisation électorale des espagnols.

Certes, la Gauche Unie ("Izquierda Unida ") a connu une forte poussée électorale et approche les 7 % avec 1 700 000 voix (+ 700 000 voix et + 3 %). Cette coalition électorale autour du Parti Communiste d'Espagne passe de 2 à 11 députés, ce qui constitue une véritable prouesse dans un pays où les médias, comme en France, jouent à fond le bipartisme (PS-droite). Au Pays Basque, les nationalistes de gauche de AMAIUR (ex-Batasuna) ont connu également une forte poussée, à plus de 24 % régionalement (1,37 % nationalement) avec 7 députés envoyés à Madrid.

Au total, la gauche communiste et républicaine connait une nette poussée avec la Gauche Unie, nationalement (11 élus), et les divers partis républicains de gauche, régionalement, comme AMAIUR (7 députés) au Pays Basque, ERC (3 députés) en Catalogne, et BNG (2 élus) en Galice.

Malheureusement, cette poussée à gauche n'a pas permis de compenser l'effondrement du Parti socialiste (le PSOE) et le report d'une partie de l'électorat mécontent vers la droite (Partido popular) , seul adversaire crédible au PSOE présenté dans les médias.

Au final, la droite décroche une majorité absolue avec 186 députés (sur 350) et près de 45 % des voix (+ 550 000 voix) tandis que le PSOE chute lourdement à 110 sièges (contre 169 en 2008) et perd 850 000 voix.

Cette victoire de la droite n'augure rien de bon pour les espagnols. Durant la campagne, la droite a annoncé qu'elle mènerait elle aussi une politique d'austérité. Cela n'a rien de surprenant de la part de la droite, qu'elle soit espagnole, grecque ou française, puisque ce courant politique est l'émanation des classes aisées issues de la bourgeoisie et qu'elle gère les affaires du capitalisme. La victoire de la droite tient, vous l'aurez compris, au rejet de la majorité sortante socialiste. C'est cela l'alternance : un changement de majorité sans changement de politique !

En France, il nous faudra éviter ce genre de situation. La tentation du vote utile pour barrer la route à Sarkozy en 2012, nous est présentée comme une nécessité absolue.

La question essentielle n'est pas le nom du Président ou l'étiquette de sa majorité mais bien le programme politique qui sera mis en place par la nouvelle équipe !

Si l'on veut réellement un changement de politique, en finir avec la domination des marchés financiers et relancer la production industrielle donc l'emploi et les salaires, c'est d'une autre politique dont a besoin le peuple de France : une alternative plutôt qu'une alternance.

Avec le Front de gauche, les communistes ont fait le choix de rassembler les forces de progrès qui, à gauche, refusent de se soumettre au social-libéralisme et veulent revenir vers une politique social de redistribution des richesses, dans l'idée du Conseil National de la Résistance de 1947.

En France, l'alternative, c'est le Front de Gauche et le Parti communiste !

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