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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

France : la démocratie, c'est le droit à l'information et le libre arbitre !

Solidaire

La guerre des candidatures aux primaires du PS a phagocyté l'actualité politique du week-end. En passant sous silence les universités d'été du PCF, les médias font ostensiblement campagne pour une Présidentielle PS contre Sarkozy. Est-ce bien cela, la démocratie ?

Le week-end se termine et si on interroge un passant sur l'actualité politique du week-end, il vous parlera, peut-être, des universités d'été du Parti socialiste.

Sauf que, ce week-end, il y avait également les universités d'été du Parti communiste, en Savoie. Mais, là, silence radio. Pourtant, le PCF reste et demeure le troisième parti de France en termes d'élus nationaux, Assemblée nationale et Sénat. Idem pour ses adhérents.

Les médias n'ont pas été avares de reportages sur le week-end socialiste à La Rochelle, même si la personnalisation de la politique amène les journalistes à mettre constamment en évidence les querelles de personnes sans jamais aborder le contenu politique des débats. C'est pourtant cela qui prime en politique : que ferait le PS s'il arrivait demain au pouvoir. Là dessus, on en saura rien.

Et, donc, pendant que les militants socialistes débattaient en bord de mer, les militants communistes, eux, étaient en Savoie, pour préparer leur rentrée politique. Le refus de l'austérité permanente voulue par la droite, la lutte contre la vie chère au travers de notre campagne pétitionnaire ou la préparation d'une campagne législative offensive avec nos partenaires du Front de Gauche, voilà quelques uns des thèmes qui ont été abordés durant trois jours. Pierre Laurent, secrétaire nationale du PCF, de nombreux élus du PCF et plus de 700 militants étaient présents . Jean-Luc Mélenchon, candidat désigné par les militants communistes pour porter les couleurs du Front de Gauche, était invité.

Il faut croire que la troisième force politique de France, en nombre d'élus et d'adhérents, et la présence d'un candidat aux Présidentielles crédité de 5 à 9 % des voix ne sont pas des raisons suffisantes pour faire un reportage selon nos grands médias nationaux ?

Un seul reportage national, sur France 2, a présenté ces journées comme étant les journées d'été du ... Front de Gauche (!), le tout en moins de trente secondes. De la belle désinformation !

C'est en cela que se pose une une question de fonds sur la nature démocratique de notre pays.

Car, que faut-il pour être en démocratie ? Avoir le choix entre plusieurs candidats aux élections ? Dans ce cas, l'Egypte de Moubarak étaient des démocraties.

Ce qui fait l'essence d'une démocratie, ce n'est pas le nombre de candidats à une élection, c'est le contrôle des citoyens sur le choix de leurs élus et sur leurs actions.

Posé comme cela, la démocratie à la française est plutôt malade :

- la mise en avant continuelle par les grands médias de deux forces uniquement, UMP et PS, est un frein à la libre information et au libre choix des citoyens sur le contenu politique des propositions des forces existantes ;

- la personnalisation à outrance de la politique par le système présidentiel, accentuée par les médias, limite les débats politiques a des petites phrases et à des querelles de personnes superficielles ;

- plus grave, c'est l'impossibilité pour les citoyens de destituer des élus qui ne tiennent pas leurs engagements volontairement !

Le Parti unique de l'argent

Concrètement, à bipolariser la politique française (la "droite" = l'UMP, la "gauche" = le PS) et en ne mettant en évidence que les "personnalités" et non les programmes, les médias, avec l'aide des forces politiques qui en bénéficient , vident le débat politique de sens.

On voit bien à chaque élection les effets de cette bipolarisation. C'est celle qui domine les pays capitalistes occidentaux : "démocrates" contre "républicains" aux Etats-Unis, Conservateurs/ Lib-Dems contre Travaillistes en Angleterre, Sociaux-démocrates ou socialistes contre droite en Allemagne, Espagne, Italie, Grèce.... et en France.

Au final, ces forces jouent sur le même terrain et finissent par mener quasiment la même politique.

La démocratie ne devient qu'apparente puisque les électeurs n'ont le choix qu'entre deux versions de la même politique, l'une matînée de social (un peu), l'autre, plus libérale économiquement et répressive moralement.

Ce qui amène à l'abstention ("Tous pareils ! ") ou pousse, au pire, une partie de l'électorat vers un rejet total de la politique ("Tous pourris ! ") dont profitent les forces politiques les plus réactionnaires, celles qui verraient bien l'émergence d'un régime encore moins démocratique, comme le Front National.

Au final, nos "démocraties" se retrouvent avec un système de parti unique : le parti de l'argent.

Et comme dans tout système de parti unique, le citoyen se retrouve rapidement privé de toute possibilité de rejet ou de contestation. On l'a vu pendant le conflit sur les retraites l'an dernier, avec une opposition contre la Réforme, une unanimité des syndicats opposés, 70 % de la population opposée et jusqu'à 3 millions de manifestants dans les rues.

Ce n'est pas la première fois qu'un pouvoir impose une importante réforme contre la volonté du peuple : malgré le rejet massif du Traité Constitutionnel Européen (TCE) par les français en 2005, les parlementaires ont fait passé en force sa deuxième version, le traité de Lisbonne, en 2007, grâce à Nicolas Sarkozy, la droite et quelques élus socialistes. Dans ce débat contre les français, rappelez-vous que les principales formations politiques (UMP, Modem, PS, Verts, centristes, Radicaux de Gauche,...) ainsi que le patronat étaient farouchement POUR le TCE et que les médias traitaient d'inconscients ou de racistes tous ceux qui s'opposaient à ce traité, communistes en tête !

C'est le deuxième volet de la bipolarisation : quand les médias se sentent quand même obligés de parler ud'ne force politique concurrente , c'est toujours sur le ton de l'ironie ou du dénigrement. Cela d'autant plus que cette force s'oppose aux idées dominantes, celles du Capital, de l'argent et du chacun pour soi.

L'information politique majeure du week-end n'aura pas été le contenu politique des réflexions des militants socialistes (on n'en saura rien !) mais plutôt l'illustration d'une démocratie française malade, où les idées sont mortes, et où les médias ne font plus leur travail d'information, seulement celui de VRP d'une classe politique réduite à quelques fortes personnalités aux discours et aux bilans interchangeables, respectant les normes libérales.

Vivement la sixième République prônée par le PCF, une démocratie vivante, centrée sur l'humain, le contrôle démocratique du pouvoir et des élus, y compris au sein de l'entreprise !

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