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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Grâce au FN, emplois, salaires et avenir de la jeunesse ont disparu du débat présidentiel

Solidaire

Droit de vote des étrangers, lutte contre les syndicats et immigration sont redevenus les thèmes favoris de cette campagne présidentielle. Exit l'emploi industriel, le pouvoir d'achat, les services publics et l'éducation !

Ils s'y sont tous mis. A peine le premier tour de l'élection présidentielle passé, médias et partis de droite se sont lancés dans une course à la droitisation de la campagne, s'appuyant sur un score fort mais pas record du FN pour décrire une société française dont la seule priorité serait l'immigration.

Il aura fallu plusieurs mois d'âpre campagne pour que les militants communistes et leurs partenaires du Front de Gauche réussissent à imposer dans cette campagne les thèmes sociaux qui préoccupent les travailleurs : l'emploi (chômage et précarité), le pouvoir d'achat (salaires et retraites), l'avenir de la protection sociale (Sécu et hôpitaux), le renforcement des services publics, la démocratie sociale (la sixième république),...

En brisant le silence des médias, avec leur campagne de terrain, les militants communiqtes et Front de Gauche ont permis à leur candidat d'accéder enfin aux médias et d'imposer ces questions aux autres candidats. Les propositions sur l'imposition des plus riches, y compris ceux qui sont domiciliés à l'étranger, sur la taxation des capitaux et sur le contrôle de la finance, ont été repris par Hollande comme par Sarkozy. Où sont ces questions désormais ? Aux oubliettes ?...

Attaquer les syndicats et isoler les travailleurs issus de l'immigration pour affaiblir la contestation sociale

La droite de Sarkozy poursuit sa radicalisation extrémiste, sous la houlette de conseiller de l'Elysée et de cadres politiques issus de l'extrême-droite, à l'instar de Madelin ou de Longuet, le ministre de la défense qui voit Marine Le Pen comme une interlocutrice acceptable.

Face à une crise du capitalisme qui se renforce, à un chômage qui passera (officiellement) la barre des 10 % avant la fin de l'année et à une crise de l'euro que les économistes disent voir venir, les défenseurs du capital optent pour une stratégie de division du monde du travail. C'est haro sur les syndicats et haro sur les immigrés ! Droite et extrême-droite se rejoignent dans ce combat, comme au bon vieux temps de la montée des fascismes en Europe ou à l'ère des dictatures sud-américaines.

N'oublions jamais que les immigrés sont des travailleurs comme les autres, soumis aux mêmes employeurs, à la même mondialisation capitaliste, avec les mêmes salaires de misère, et qui sont victimes, eux aussi, des fermetures d'entreprises et des délocalisations ! Ceux qui sont les gagnants de la mondialisation n'habitent pas les cités et les HLM, Ils sont peu nombreux dans nos cantons ruraux ! Ceux qui bénéficient de la libéralisation du capitalisme et qui ont largement bénéficié des allègements fiscaux de Sarkozy et de sa majorité, ceux-là habitent les beaux quartiers de Paris, comme notre ministre de l'agriculture et futur candidat UMP, Bruno Le Maire, ou dans les très chics villes de la banlieue ouest de Paris : Neuilly, Le Vésinet, Le Pecq, Versailles,...

L'extrême-droite : un score trompeur, comme son programme !

Cette campagne présidentielle a retrouvé des relents putrides, s'appuyant sur le score important d'une extrême-droite qui attise la colère de certains travailleurs pour alimenter un incendie social qui divisera les français en fonction de leurs origines, de leur religion, de leurs quartiers, de leurs métiers. Diviser toujours plus pour empêcher les travailleurs, quelles que soient leurs origines, de voir qu'ils peuvent changer leur destin et construire une France plus fraternelle en s'unissant.

Le FN, meilleur allié du système, parti de l'establishment dont les cadres sont tous issus des beaux quartiers, à commencer par la famille Le Pen, milliardaires de Saint Cloud, ville bourgeoise des Hauts-de-Seine.

Combien de cadres issus du milieu ouvrier ou des cités au FN ? Aucun !

Avec cette présidentielle, le FN nous a encore sorti son couplet sur sa virginité politique, comme si les expériences de gestions municipales du FN, à Nice, Toulon, Orange ou Marignane n'avaient pas été des catastrophes économiques et sociales pour ces communes ? Le FN a aussi son lot d'affaires dans ces communes !

Aidé des médias, le score du FN est monté en épingle.

Certes, 17,90 % c'est beaucoup. Beaucoup trop.

Mais papa Le Pen avait réalisé 16,86 % des voix au premier tour de 2002. Ajoutées aux 2,34 % de l'ex-numéro deux du FN, Bruno Mégret, cela représente un total de 19,20 % des voix pour l'extrême-droite.

Avec 17,90 % des voix, Marine Le Pen fait moins que les deux candidats d'extrême-droite en 2002 !

Curieusement, aucun grand média n'en parle ! A moins que le vote d'extrême-droite ne serve la cause de leur patron ?...

Par ailleurs, aucun de ces "grands journalistes" et "grands politologues" qui squattent les médias n'a fait la réflexion sur les scores du FN entre 2002 et 2012 selon les communes. Que le FN progresse dans l'ouest, où il faisait peu de voix auparavant, cela a été dit. Mais qu'il régresse dans les grandes villes et les départements populaires, personne ne le note !

Deux exemples, l'un en banlieue parisienne (où se trouvent les "envahisseurs immigrés" dénoncés par le FN !) et l'autre en Alsace, terre d'élection de l'extrême-droite :

- En 2002, en Seine-Saint-Denis, Jean-Marie Le Pen obtenait 70 326 voix et 17,74 % des suffrages ; Bruno Mégret obtenait 9 780 voix et 2,47 % ; en 2012, Marine Le Pen obtient 72 335 voix et 13,55 % des suffrages ; en clair, dans un contexte de forte hausse de la participation, dans ce département populaire et métissé, Marine Le Pen ne gagne que 2 000 voix par rapport à son père en 2002 mais perd près de 8 000 voix sur le total d'extrême-droite de 2002 ! En pourcents, la chute est brutale : - 4,2 % sur le score de son père en 2002 et - 6,65 % sur le total d'extrême-droite ! Drôle de poussée, non ?

- En 2002, dans le Bas-Rhin, Jean-Marie Le Pen obtenait 112 555 voix et 23,38 % des suffrages, et Bruno Mégret 18 690 voix et 3,88 % ; en 2012, Marine Le Pen obtient 124 264 voix et 21,21 % ; ici aussi, dans un contexte de hausse de la participation (+ 5 %) elle gagne en voix sur son père (+ 11 700) mais en perd sur le total d'extrême-droite (- 7 000 !) ; en pourcentage, Marine Le Pen perd sur son papa (- 2,27 %) et sur le total d'extrême-droite (- 6,15 %) ! On est loin d'une poussée !

Marine Le Pen fait moins bien que son père dans les territoires où l'extrême-droite obtenait historiquement ses meilleurs scores. Par contre, elle progresse dans l'ouest et dans les territoires les plus ruraux, ce qui, avec une forte hausse de la participation, explique son résultat national.

Cette diffusion du vote brun a de quoi inquiéter les démocrates et ceux qui défendent réellement la cause ouvrière et patriotique. Mais attention à ne pas voir dans ce score une poussée nationale de l'extrême-droite !

Avec le PCF et le Front de Gauche, imposons un troisième tour social !

Ce qui est inscontestable par contre, c'est le résultat historique de la gauche radicale autour du PCF et du Front de gauche.

Avec 11,11 % des suffrages et près de 4 millions de voix, Jean-Luc Mélenchon a fait mieux que l'ensemble de la gauche radicale en 2002 (3 900 000 voix) et en 2007 (3 800 000 voix) ! Et cela malgré la présence de deux candidats d'extrême gauche (Poutou : 411 000 voix ; Arthaud : 202 000 voix) !

Avec cette candidature, c'est aussi le meilleur score d'un candidat soutenu par le PCF depuis Georges Marchais en 1981 !

Mais, au delà de ce score, c'est aussi la progression du vote mélenchon dans les intentions de vote qui est frappante. Le candidat du Front de gauche est le seul dont le score ait significativement progressé entre le mois de septembre et le vote du 22 avril. il était donné à 3 ou 4 % en septembre. Qui dit mieux ?

Les rencontres sur les marchés et aux usines depuis le premier tour montrent que de nombreux électeurs ont hésité longtemps à voter Mélenchon avant d'opter, le plus souvent, pour sécuriser la candidature de François Hollande. La peur de 2002 a bien été utilisée pour convaincre d'un nécessaire "vote utile" !

Avec les électeurs du 22 avril et tous ceux qui ont hésité ce jour là, le potentiel électoral du Front de gauche va bien au delà des 11,11 %. Un score de 13 ou 14 % nationalement est donc parfaitement possible !

Après cette Présidentielle et la nécessaire défaite de Nicolas Sarkozy, le chantier ouvert par le Front de gauche pour la reconstruction d'un mouvement social dynamique sera toujours à l'ordre du jour.

Renforcer la gauche qui s'assume, la gauche anticapitaliste à l'Assemblée nationale en juin sera un important point d'appui pour imposer à François Hollande et à ses députés socialistes des solutions de gauche, sur le SMIC, les services puiblics, la lutte contre la finance,...

Le combat politique ne s'est pas arrêté le 22 avril pour les communistes !

Le 6 mai est un rendez-vous nécessaire en mettant en déroute le candidat de la droite extrême, Nicolas Sarkozy.

mais, au delà, il y a les législatives des 10 et 17 juin, et le vote pour les cadnidats du Front de gauche, notamment les candidats communistes.

Ce sera un point d'appui pour un troisième tour social, dès juin.

C'est dans la lutte que nous avons acquis nos droits sociaux. C'est dans la lutte que nous les reprendrons !

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