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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Les résultats du vote italien comme argument au vote mou

Solidaire

Les italiens ont voté dimanche et lundi sans qu'aucune majorité stable ne sorte des urnes. Un résultat qui fait flipper les marchés et amène des commentateurs à prôner le vote mou, un bipartisme tiède et euroconsensuel.

L'Italie, comme toute l'Europe est victime d'une politique d'austérité qui enfonce son peuple dans la crise et le chômage.

L'Italie a connu une récession de 2,5 % en 2012 et s'attend (au mieux) à un nouveau recul de 1 % en 2013. Un souci pour les italiens, mais aussi pour l'Europe car l'Italie est la troisième économie de la zone euro

Un paysage politique déchiré

Mario Monti, désigné par l'Europe pour gérer le pays, a subi une défaite humiliante. Son camp ne réunit que 10 % des voix à l'échelle nationale.

Les deux forces qui se partagent habituellement le pouvoir, le centre-gauche libéral et pro-européen de Pier-Luigi Bersani, et la droite populiste de Silvio Berlusconi, sont au coude-à-coude. La légère avance du centre-gauche (29,5 % contre 29,1 %) lui permet d'avoir une majorité à la Chambre des Députés mais pas au Sénat.

Reste la surprise du M5S (Mouvement 5 étoiles) de l'humoriste Pepe Grillo qui a mobilisé sur son nom 25,5 % des électeurs italiens (1 sur 4 !) autour d'un programme de ras-le-bol ("Qu'ils rentrent tous à la maison !"), fourre-tout, anti-européen et vaguement écologique et décroissant.

Quant au dernier pôle ("Révolution civile"), menée par le magistrat centriste Antonio Ingroia, où se mêlaient communistes (2 partis !), centristes anti-mafia et écologistes, c'est la déroute (2,2 %). Le fruit d'un silence médiatique et d'un message trop nébuleux vu la disparité du groupe.

L'autre signe de ces élections, c'est l'abstention, en hausse forte de 5 points sur 2008 (près de 25 %) dans un pays habituellement très civique.

D'évidence, cette atomisation électorale italienne et la montée en force du M5S sont des signes d'une défiance nette de la population face à sa classe politique, droite et gauche comprise.

Les marché financiers inquiets - Les médias aussi

Depuis, les commentateurs étrangers et les gouvernements d'Europe y vont de leur couplet sur la nécessité de trouver un gouvernement stable pour l'italie.

Le ton est donné par les marchés financiers qui n'ont pas apprécié le choix des italiens. Leur favori, Mario Monti, semblant hors course, les roues de secours, Bersani ou Berlusconi, sont mal en point également.

Le fond du problème, c'est Christel Rendu de Lint, responsable de la gestion obligataire de l'Union bancaire privée à Genève, qui nous le révèle dans "L'Expansion" du 24 février. Pour expliquer le calme qui a suivi la formidable attaque des marchés contre l'Italie il y a 6 mois, cette experte met en évidence que les politiques italiens ne sont que des technocrates, tout justes bons à appliquer les politiques dictées par l'Europe pour le compte des marchés. Elle dit ainsi que "En réalité, Mario Monti ou un autre peu importe : ce que veulent les marchés financiers, c'est un gouvernement stable qui applique à la lettre les exigences de l'Union Européenne - et au final de l'Allemagne - sur la poursuite de la rigueur. Or c'est ce que Mario Monti - plus technocrate que politique -, a fait à la lettre. "

C'est clair, non ?

Et, pour aller dans le même sens, on peut se référer aux exigences du ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui considère que le rôle de l'Italie pour résoudre la crise européenne de la dette est "central". Il espère donc que "la politique de consolidation et de réformes soit poursuivie de manière conséquente" par le prochain gouvernement italien.

Une élection de pure forme, c'est donc ce qu'attendent les marchés et les responsables politiques européens.

Aucun de ces "experts" ne remet en cause la justesse des politiques libérales mises en place ces dernières décennies ni l'efficacité des mesures d'austérité prises ces dernières années ! Pourtant, c'est bien la succession de ces politiques qui a amené la crise actuelle ! Cela fait trente ans qu'est appliqué en Europe ce libéralisme. Va t-on longtemps continuer de faire croire que la situation économique et sociale en Europe est due à autre chose que cette politique ?

Et bien, non. Pour certains économistes libéraux, en tout cas.

Hier soir sur France Info, un invité économique (dont j'ai perdu le nom) se lamentait de la situation politique italienne, de l'erreur commise par les italiens en ne votant pas pour des dirigeants pragmatiques désignés par Bruxelles, Monti ou Bersani, et affirmait la nécessité de poursuivre les "efforts" (qu'il ne subit pas, lui) pour assainir une dette de l'Etat italien "A L'ORIGINE DE LA CRISE ACTUELLE"....

Je met en gras cette dernière phrase car elle est importante ! Selon cet "expert" (titulaire certainement d'une école de commerce privée qui formate au libéralisme les dirigeants français), ce sont les dettes publiques qui sont à l'origine de la crise économique !

Voilà un bel exemple de révisionnisme économique ! Exit la crise immobilière de 2008, les fonds spéculatifs, les fonds pourris et la crise bancaire qui s'en est suivie ! Exit les 600 milliards d'euros de dettes contractées par la France sous Sarkozy pour "sauver" nos banques privées !... En un tour de main, on efface l'Histoire d'avant 2010.

Votez bien ! Votez mou !

Le fonds de l'affaire, depuis la panique des marchés jusqu'aux commentaires des responsables politiques étrangers (à l'Italie) et des journalistes économiques libéraux, c'est que les italiens n'auraient pas dû voter comme ils le souhaitaient (ou comme ils le pouvaient ?) mais comme les marchés financiers et Bruxelles attendaient qu'ils le fassent.

Les italiens auraient été applaudis par les Bourses européennes et par Bruxelles s'ils avaient voté Mario Monti ou Pier-Luigi Bersani, en clair pour les chauds partisans de la rigueur, des privatisations et de l'Europe libérale.

En cela, les commentaires sur les élections italiennes montrent bien que le choix des électeurs est désormais guidé par des intérêts financiers vers des forces politiques qui gèrent les affaires publiques pour satisfaire les marchés.

On retrouve cette situation partout en Europe, en France notamment, avec un bipartisme entre un centre-gauche social-libéral et pro-européen et une droite libérale, européenne et populiste.

A la différence des italiens, les français ont encore un Parti communiste qui propose de rompre avec ce système et un Front de Gauche prêt réellement à en découdre avec les marchés.

Vous avez le choix entre un vote mou qui vous étouffe à petit feu mais qui plait aux maîtres de l'économie, et un vote de révolte, qui refuse la soumission et qui souhaite imposer le peuple à la table des décisions.

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