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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Médiator : un scandale sanitaire loin d'être isolé !

Solidaire

500 morts ? Entre 1 000 et 2 000 ?... Au delà des chiffres de toute façon monstrueux, le scandale du Médiator vient s'ajouter à une longue liste de scandales sanitaires. A l'origine, toujours, la recherche du profit et la complicité des autorités.

Des "défaillances graves dans le fonctionnement du système du médicament", c'est le dernier artifice trouvé par notre ministre de la santé, Xavier Bertrand, pour justifier l'injustifiable scandale du Médiator. Reprenant la stratégie de Fabius, sur le sang contaminé, du "responsable mais pas coupable", il explique que le scandale a explosé le lendemain de sa nomination. Xavier Bertrand oublie de dire qu'il était ministre de la santé du gouvernement de Villepin entre juin 2005 et mars 2007 ! Or, on sait depuis 1998 que ce médicament est dangereux, inefficace et cher comme le qualifient trois médecins spécialistes de la CNAM. Ce médicament est même interdit en Italie depuis 2004 et en Espagne depuis 2005.

Comment est-il possible que des experts proposent le retrait et que les structures décisionnelles passent outre le danger sanitaire ? S'agit-il d'une simple "défaillance", même grave, comme le dit le gouvernement ou d'un problème plus profond, constitutif de nos systèmes de protection sanitaire ?

Le débat autour des intérêts économiques du laboratoire Servier éclaire un peu notre lanterne.

Médiator et ses frères

Le cas du Médiator est pourtant loin d'être le premier scandale sanitaire français !

Rappelons-nous des dossiers amiante, de la vache folle, des hormones de croissance, du sang contaminé, des poulets à la dioxine, du nuage de Tchernobyl,...

L'amiante, substance minérale utilisée dans le bâtiment et interdite depuis 1997. Il aura fallu attendre des luttes collectives de victimes pour que cesse l'utilisation de l'amiante pourtant reconnue cancérigène depuis 1904 ! Dans les années 90, lors de mes études sur le campus de Jussieu (à Paris), j'ai participé à la création du Comité-Anti-Amiante à qui il aura fallu des années (et des morts) pour percer la chape de plomb médiatique et administrative autour de l'amiante. Il faut voir que les industriels de la filière avaient bien organisé leur camp autour du Comité Permanent Amiante, structure de lobbying auprès des administrations et des autorités.

Que dire de la vache folle ? Un scandale sanitaire causé par l'appât du gain d''acteurs de la filière élevage recyclant les déchets animaux en aliments pour une espèce animale végétarienne.

Que dire des hormones de croissance ou du sang contaminé ? Deux scandales qui concernent des patients à qui on a injecté en toute connaissance des produits dont on connaissait la contamination (Kreutzfel-Jacob pour l'un, SIDA pour l'autre). Là aussi, les impératifs financiers ont primé.

Que dire des poulets à la dioxine, du nuage de Tchernobyl qui s'arrête à nos frontières ? Ne s'agit-il pas non plus de "défaillances graves" de notre système de santé ? D'un manque volontaire de surveillance et de mensonges publics de la part du pouvoir ?

Des scandales sanitaires silencieux, par milliers

Au delà de ces scandales sanitaires qui percent parfois le silence politique et médiatique, d'autres grands dossiers touchant à la santé de la population, à sa survie même, ne sont pas traités par nos autorités.

Les médias ont parlé récemment des tapis pour enfants, contenant une substance chimique extrêmement nocive, le formamide. Ce sujet a succédé au dossier des biberons et produits plastifiés contenant du Bisphénol A, molécule permettant au plastique de rester souple.

Mais ce sont des centaines de molécules chimiques qui trainent dans notre environnement sans qu'aucune évaluation de leur toxicité n'ait été faite, ni directement pour les utilisateurs, ni indirectement pour l'environnement !

Peintures, colles (moquettes, dalles), vernis, plastiques, matériaux électroniques, parfums de synthèse, revêtements des poêles antiadhésives, pesticides agricoles, médicaments dans l'eau (On trouve du Prozac et des dérivés de pilules dans l'eau des rivières !),... de nombreuses études viennent montrer que notre environnement est contaminé par des molécules chimiques synthétiques sans que cela n'émeuve nos responsables !

En 2004 et 2005, le WWF (World Wildlife Found) avait recherché des traces de produits chimiques chez des citoyens ordinaires de l'Union européenne et dans le sang de 39 parlementaires européens. PCB, phtalates, pesticides, ... ce sont près de 76 produits chimiques qui ont été retrouvés dans le sang des personnes testées ! Une moyenne de 18 molécules différentes par personne !

A l'époque, Bruxelles voulait mettre en place des règles d'homologation pour 30 000 produits chimiques produits ou importés en Europe. Le lobbying des industriels de la chimie a permis d'enterrer le projet.

Scandales publics, comme le Médiator, ou scandales cachés au grand public, la question essentielle est celle du mode de fonctionnement de nos sociétés capitalistes où l'intérêt économique, celui des actionnaires, prime sur l'intérêt sanitaire, l'intérêt collectif de la population.

L'explosion des cas de cancers et les problèmes majeurs de fertilité qui touchent les populations occidentales n'ont que peu de poids face aux gigantesques intérêts financiers que génèrent ces milliers de molécules chimiques. C'est la même mécanique que celle du réchauffement climatique, que celle des OGM, que celle des délocalisations,...

Le système capitaliste qui gouverne la planète scie la brance sur laquelle est assise l'humanité.

Au lieu de demander aux seuls citoyens de faire individuellement des efforts de tri et d'économie d'énergie, peut-être est-il temps de revoir fondamentalement le mode de fonctionnement de nos économies et d'encadrer les filières industrielles en pensant au préalable à la nocivité des composants, à leur utilisation de proximité et à leur recyclage ultérieur.

Pour le bien de l'humanité, la protection de notre environnement devient une nécessité. Elle ne pourra pas passer que par des efforts individuels mais par une redéfinition complète du mode de fonctionnement social et économique, loin du seul intérêt financier de l'économie capitaliste.

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