Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Pyongyang-sur-Seine : enfants embrigadés et ouvriers mimant le travail à la gloire du petit leader

Solidaire

Nicolas Sarkozy candidat. Voilà une nouvelle qui ne surprend personne !

Pourtant, il s'est trouvé des centaines de journalistes pour couvrir en long, en large et en travers cette non actualité qui n'a même pas offert de véritables annonces, en dehors de l'autocongratulation à laquelle nous avons eu droit.

Curieusement, ces médias si prompts à couvrir le moindre fait et geste de Nicolas Sakozy, pour le valoriser, passent entièrement sous silence des événements qui ne sont pas sans rappeler les pratiques coutumières des dictatures africaines : la mise en scène des déplacements du chef du régime avec l'utilisation de figurants plus ou moins volontaires.

Il y a quelques temps mourait Kim-Jong-Il, leader d'une Corée du Nord détestée par nos gouvernements donc par nos médias. Les scènes de populations en larmes et les défilés militaires ont été l'occasion de railleries de la part de nos journalistes.

Curieusement, les mises en scènes organisées par l'Elysée et les élus locaux UMP à chaque déplacement de Nicolas Sarkozy ne suscitent pas le moindre début de critique dans nos médias nationaux ? Cela même quand l'événement qui en est la cause est relayé dans les médias ! Il faut aller sur internet ou lire des journaux indépendants des grands groupes financiers et industriels, comme "l'Humanité", pour en avoir l'écho.

Complaisance ? Soumission ? Propagande active ?

Deux exemples récents de mise en scène de déplacements de Nicolas Sarkozy se sont déroulés ces derniers jours.

Scène de chantier pas ordinaire pour notre "petit bâtisseur"

Le 2 février dernier, Nicolas Sarkozy visite un chantier du bâtiment à Mennecy, dans l'Essonne, et en profite pour parler de sa "politique du logement" (on ne rit pas !).

En dehors d'une arrivée en hélicoptère pour une visite à quelques dizaines de kilomètres de Paris, c'est surtout tout le montage du spectacle qui est en cause :

- d'une part, à - 8 °C, les chantiers du bâtiment sont arrêter depuis longtemps, or, là, une activité impressionnante  régnait sur ce chantier plein d'ouvriers, de contremaîtres et d'ingénieurs, casques à la tête et outils à la main !

- d'autre part, on apprendra très rapidement que l'Elysée avait exigé qu'il y ait beaucoup, beaucoup d'ouvriers présents et l'entreprise avait fortement incité des travailleurs d'autres chantiers du département à rejoindre celui-ci.

Nous voilà donc avec une ahurissante scène de théâtre où des figurants sont forcés de simuler le travail sur un chantier où un grand nombre d'entre eux n'est pas affecté habituellement et où la réglementation leur interdirait de travailler pour des raisons climatiques compréhensibles !

Tout cela pour servir la soupe à un monarque contrarié par la publication quelques temps auparavant de l'étude de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement.

Des enfants embrigadés pour faire la claque au "divin leader"

Cinq jours plus tard, le 7 février, Nicolas Sarkozy fait un déplacement dans le Tarn, à Lavaur.

600 000 euros de dépenses aux frais du contribuable pour visiter une crèche, tenir une réunion de travail (?) et faire un discours où il n'a pas voulu "détailler un programme ou dresser un bilan".

Une ballade salée ? Plutôt une nouvelle opération médiatique qui confine à la propagande.

Ce qui choque particulièrement, c'est l'embrigadement des enfants de la commune, sous la houlette du député-maire UMP, Bernard Carayon, et de son adjoint chargé des sports et de la jeunesse.

C'est ainsi qu'une ribambelle d'enfants s'est retrouvée drapeau bleu-blanc-rouge à la main à scander en rangs d'oignons des "Sarkozy ! Sarkozy !" face à la mairie de Lavaur.

On apprendra par la suite que la plupart des parents n'avaient pas été informés et que les enfants, emmenés par la directrice de l'accueil loisir, avaient été motivés par un très moral  "le Président va peut-être vous donner des sous !"

Utiliser des gamins sans le consentement des parents pour servir de faire-valoir au chef de l'état ? On voyait cela dans les dictatures d'Afrique jusqu'à présent !

D'un régime présidentiel à un régime personnel

Ces deux événements ne sont pas sans rappeler cette visite d'usine où seul le personnel de petite taille avait été sollicité pour apparaître derrière Nicolas Sarkozy lors de son discours à Faurecia Caligny (Orne) en septembre 2009.

Dans la même veine, ce sont des effectifs toujours plus importants de forces de sécurité qui empêchent toute manifestation d'opposition de se tenir dans les communes où se déplace le chef du régime actuel. En toute violation des libertés démocratiques.

Mais comment s'étonner de ces opérations de communication où sont écartés les importuns qui pourraient déranger notre monarque républicain et où sont montés de fausses scènes de travail ou de liesse enfantine pour valoriser l'image du leader de la droite française ?

Depuis toujours, les institutions de la cinquième République sont critiquées, par les communistes notamment, pour le poids exagéré donné au Président, au détriment des parlementaires. L'inversion du calendrier électoral, mettant les Législatives à la suite des présidentielles, a encore renforcé le poids du Président sur le parlement.

Il suffit ensuite d'avoir un leader autoritaire, imbu de sa personne, pour que la fonction d'arbitre de la République du Président se transforme rapidement en titre de monarque républicain qui fait ce qu'il veut, sans respect ni pour l'Assemblée, ni pour le peuple.

Le viol de la souveraineté populaire avec le passage en force en 2007 du Traité européen rejeté par référendum par le peuple français en 2005 ou la casse de la retraite à 60 ans imposée aux travailleurs en 2010 malgré une très large opposition de la population, dans les rues et dans les sondages, indiquent à quel point l'opinion du peuple est écoutée actuellement !

Il en est de même avec l'austérité, la TVA sociale ou le nouveau traité européen qui va soumettre (si nous ne réagissons pas) le budget de la République eux règles d'austérité libérales de Bruxelles.

Le peuple n'est pas écouté, comme les syndicats ne sont pas écoutés, comme les associations humanitaires ne sont pas écoutées.

Le capitalisme est en crise complète. Il entame une fuite en avant libérale qui va permettre aux élites responsables de ce système et de la crise, d'échapper aux conséquences de cette crise mais qui va entrainer une accélération de la régression économique et sociale de nos sociétés occidentales.

Les régimes politiques qui régissent ce système tente de vérouiller complètement les institutions, pour se prémunir d'éventuelles colères populaires : répression policière massive (comme en Grèce, au Bahreïn ou au Honduras), concentration des pouvoirs décisionnels loin des sphères démocratiques (Europe de Bruxelles), hyperprésidentialisation des régimes (France), etc.

Comme le montrent les taux d'abstention qui augmentent partout en Occident à chaque élection, de plus en plus de citoyens, notamment dans les couches populaires, se rendent compte qu'on ne les écoute pas et que la classe politique simule des désaccords mais applique finalement les mêmes politiques

Le capitalisme est pourri. Le maigre verni démocratique se craquelle.

Changer la donne politique nécessite que le peuple reprenne les affaires en main, comme en 1789, comme en 1936 ou comme à la Libération !

Ouvert à tous ceux qui veulent imposer un nouveau souffle à gauche, pour plus de démocratie, pour plus de solidarité, pour une meilleure répartition des richesses et la prise en compte des impératifs écologiques, le Front de gauche n'arrête pas de le scander : Place au Peuple !

Dans la rue et dans les urnes, il est temps que nous arrêtions de reculer !

Balayons le sarkozysme en mai ! Mais exigeons à la place une sixième république, basé sur la citoyenneté et la solidarité !

Refusons que notre pays ne se transforme en monarchie républicaine, en Pyongyang sur Seine !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires