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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Quand le patronat et les médias attaquent le programme du Front de Gauche avec un "coût" fantaisiste de 100 milliards d'euros

Solidaire

"L'Institut de l'entreprise" a évalué à plus de 100 milliards d'euros le coût du programme de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche. Une estimation politiquement orientée mais reprise sans sourciller par tous les médias.

Le Front de Gauche dérange. Avec la montée de son candidat dans les sondages, les défenseurs des monopoles financiers commencent à s'inquiéter.

Voilà donc qu'une structure issue des cercles patronaux attaque le candidat Mélenchon sur le "coût" supposé de son programme ! C'est de bonne guerre : ils ne font que défendre leurs intérêts.

Dans la foulée, c'est l'ensemble des médias qui reprend ces chiffres, sans évidemment les relativiser par l'orientation politique de ceux qui les avancent. Eux aussi défendent ceux qui les financent.

Que nous dit ce fameux "Institut de l'Entreprise" ?

Sans surprise, l'institut patronal place en tête des mesures "coûteuses" le retour du droit à la retraite à 60 ans à taux plein. Il est chiffré par ces experts patronaux à 27 milliards d'euros annuels.

Curieusement, personne ne reprend à la volée le fait que la retraite à 60 ans est encore quasi effective en France puisque la réforme des retraites date seulement de 2010 et se met en place au fur et à mesure ! Cela reviendrait à dire que cette réforme a déjà fait économiser 27 milliards d'euros en 1 an aux caisses de retraite ? C'est pourtant loin d'être le cas !

Dans la même idée, les patrons affirment que le remboursement à 100% des dépenses de santé (optique et dentaire compris), se situerait dans une fourchette de 23 à 76 milliards selon les efforts demandés aux complémentaires. Du simple au triple, soyons précis !

Le coût des mesures en faveur de l'enseignement supérieur a été estimé entre 2,7 et 5,6 milliards d'euros, le doublement du budget public de la recherche à 13,9 milliards et le rétablissement des effectifs supprimés dans l'Education nationale, entre 1,9 et 2,2 milliards.

Sur ce dernier point, personne n'a fait la remarque que les suppressions de 60 000 postes dans l'Education nationale n'ont pas fait économiser autant d'argent à l'Education nationale. D'où vient la différence ? Mystère !

Des coûts ou des investissements ?

Au delà des chiffres énormes annoncés, largement gonflés, l'Institut de l'Entreprise oublie de citer les financements nouveaux que le Front de gauche souhaite mettre en place, notamment en revenant sur les cadeaux fiscaux aux plus riches (niches fiscales, ISF,...), en taxant les revenus du Capital, en revenant sur les allègements de charges sociales, etc...

Et, n'oublions jamais que des salaires qui augmentent (via le SMIC à 1 700 € notamment), ce sont des impôts supplémentaires (Impôts sur le revenu), des cotisations sociales plus élevées (Sécu, retraite) et un supplément de consommation donc de TVA dans les caisses de l'Etat et d'activité pour les entreprises !

Le plus important, c'est que toutes ces mesures sont une redistribution des richesses qui vise à améliorer la vie de nos concitoyens en permettant le retour à 60 ans du départ en retraite, en améliorant la prise en charge des soins médicaux essentiels et en améliorant les services publics.

Il s'agit aussi d'investissements collectifs sur la santé (prévenir plutôt que guérir !) et dans l'enseignement et la recherche. De quoi préparer l'avenir technologique et scientifique de notre pays, donc de nos industries et services.

L'Institut de l'Entreprise, en bon porte-parole des intérêts des actionnaires d'entreprise, voit dans tout investissement collectif un "coût" à supprimer puisqu'il s'agit d'autant d'argent qui ne part pas dans les bénéfices de quelques gros monopoles privés donc dans les poches de leurs actionnaires.

Nationaliser coûterait des sous ?

Pas étonnant du coup que cet institut patronal voit d'un mauvais œil les propositions du Front de Gauche de renationalisations d'entreprises des secteurs de l'énergie et de l'eau.

Selon cet institut, la dette publique serait fortement creusée par la création d'un "pôle 100% public de l'énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé". Un trou supplémentaire de 142 à 152 milliards d'euros si ces quatre entreprises étaient entièrement nationalisées, de 102 à 107 milliards si seule Total était concernée (sur la base des modalités retenues par le gouvernement socialiste de 1982).

Braves patrons et braves actionnaires qui se sacrifient ainsi pour la cause commune ! Ces entreprises ne seraient donc pas rentables et l'Etat n'aurait pas intérêt à les nationaliser ? Rien que Total, c'est 10,5 milliards de bénéfices en 2011 !

Reprendre le secteur de l'énergie sous tutelle nationale, c'est recréer des synergies coupées depuis les privatisations successives, réduire les factures des usagers et relancer une politique ambitieuse de l'énergie et de l'eau qui génèrera des bénéfices industriels et économiques à moyen terme.

Mais pour cet institut patronal, c'est autant de marchés sur lesquels les capitalistes ne pourront plus faire de bénéfices !

Des exonérations qui ont créé des emplois ? Où ça ?

Sans surprise non plus, la suppression de l'ensemble des dispositifs d'exonérations de charges sociales ne trouve pas grâce aux yeux des experts patronaux.

Même s'ils reconnaissent que cette mesure produirait 28 milliards de recettes brutes, c'est pour affirmer qu'elles seraient "rapidement compensée par les dépenses d'indemnisation chômage liées à la destruction d'emplois qui en résulterait" qui reprend à son compte le chiffre de 800 000 suppressions évoqué en 2005 dans un rapport du Conseil d'orientation pour l'emploi.

Première question : combien ces exonérations de charges accumulées depuis trente ans ont elles permis de créer d'emplois en France ? Si on se réfère aux chiffres du chômage, on serait tenté de dire aucun.

De fait, les patrons se plaignent toujours du "coût du travail" et des "charges trop lourdes". C'est sûr que considérer le salaire et la protection sociale de ses salariés comme des coûts et non comme un dû pour le travail effectué et les richesses produites, cela amène immanquablement à considérer les humains comme de la matière première que l'on devrait chercher au moindre prix. A ce jeu, les enfants philippins qui bossent dans des conditions dramatiques pour de nombreuses grandes marques de vêtements "coûtent" beaucoup moins chers que des salariés français et permettent de dégager des marges beaucoup plus importantes !

Alors que le travail humain ne coûte plus que 5 à 10 % d'une voiture, on se dit qu'il y a peut-être d'autres économies à trouver avant de casser de l'emploi !

L'institut de l'Entreprise publie une estimation du coût du programme du Front de Gauche étudiée par le prisme déformant de la vision libérale et patronale.

Investissements publics dans la formation et la recherche, accès à la santé, à l'éducation et à la culture, défense des intérêts communs de la nation par des entreprises publiques,... tout cela devient un coût aux yeux des libéraux et des patrons car cela ne rapporte rien aux actionnaires.

Ces chiffres gonflés et orientés sont repris en cœur par des médias qui cherchent depuis des semaines toutes les occasions d'attaquer la seule force politique qui destabilise le ronron politique et médiatique entre forces acquises au libéralisme.

Que cela ne plaise pas aux patrons, on le comprend, mais exiger une revalorisation du SMIC, des pensions de retraite et des minimas sociaux, cela a de l'importance pour des millions de nos concitoyens !

Exiger de meilleurs services publics, recréer des services publics de l'eau et de l'énergie pour garantir à tous un égal accès à un service de qualité au moindre coût, cela cause à une majorité de français !

Exiger que ce soient les grosses entreprises et les plus riches qui paient, quand ce sont eux qui sont responsables de la crise et qui se gavent sur notre dos, cela parle aux millions de chômeurs et de salariés menacés dans notre pays !

Les grands patrons peuvent crier aux loups et la meute des médias reprendre ce cri en cœur, les travailleurs savent bien qu'ils n'auront du gâteau que la part qu'ils arracheront aux capitalistes !

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