Taxation des allocations familiales et flambée de l'électricité : ce n'est pas aux familles de payer la crise !
Deux nouveaux coups de massues sont en préparation dans le cadre d'une politique d'austérité qui ne repose que sur les contribuables, majoritairement salariés.
Le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a jugé dimanche que fiscaliser les allocations familiales pouvait être une piste pour augmenter les recettes de l'Etat. D'après le "Journal du Dimanche", c'est un des scénarios sur lesquels travaille le gouvernement.
"Les débats sont ouverts (...) Il y a des arguments pour, des arguments contre. En tous les cas, il n'est pas tabou de considérer que le rapport entre le niveau de revenus et le niveau des allocations familiales" puisse être "posé", a déclaré David Assouline, porte-parole du PS, lors du point presse hebdomadaire. "C'est un débat légitime", a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agissait "d'un point de vue personnel au moment où le débat s'ouvre sur la place publique".
"C'est évident que nous allons devoir chercher, encore une fois, ce que la droite n'a pas fait (...) : chercher des économies dans les dépenses", selon lui, sans pour autant "déstabiliser" ni "handicaper" la croissance. "Je considère qu'à partir du moment où (...) les familles (...) selon leurs revenus ne sont pas affectées, que la politique familiale n'est pas handicapée, ce débat peut avoir lieu dans ce cadre", a ajouté le sénateur socialiste.
PCF : "La politique familiale n'est pas une variable d'ajustement"
Pour le Parti communiste, "le gouvernement est entrainé dans une spirale de toujours plus d'austérité".
"La politique familiale n'est pas une variable d'ajustement" pour le PCF, qui s'insurge contre toute fiscalisation ou plafonnement des allocations familiales. Il faut rappeler que ces allocations ne sont pas liées au revenu et contribuent grandement à la démographie positive de notre pays, à un renouvellement des générations qui s'effectue chez nous quand d'autres pays, comme "l'exemplaire" Allemagne, sont en pleine crise démographique, véritable bombe à retardement économique et sociale.
"L'avenir de la branche Famille est de fait menacé car le MEDEF, en embuscade, réclame depuis des années que son financement ne soit plus opéré par les cotisations sociales", poursuit le PCF. "Le vrai courage politique n'est pas d'alourdir la fiscalité des foyers fiscaux via la politique familiale mais d'aller jusqu'au bout d'une justice sociale, en taxant les revenus financiers et en instituant la tranche à 75%", conclut le communiqué.
Electricité : 30 % de hausse en 5 ans ?
Vendredi dernier, Henri Proglio, le président d'EDF, parlait d'une "hausse raisonnable des tarifs dans les années à venir". Ce lundi, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a confirmé sa prévision d'une hausse de l'électricité, tablant sur une progression de 30% des tarifs réglementés de 2012 à 2017, notamment à cause de l'essor des énergies renouvelables et des investissements dans les réseaux.
La CRE, qui avait déjà dit tabler il y a un an sur une augmentation de 30% des prix du courant de début 2012 à fin 2016, a présenté ses projections actualisées pour la période allant de mi-2012 à mi-2017 dans un rapport publié lundi, aboutissant strictement aux mêmes conclusions. En effet, elle y explique s'attendre à une hausse moyenne de 30,1% des factures d'électricité pour les clients au tarif dit bleu, avec des projections de +23,7% pour les clients au 'tarif jaune' et de +16% pour les clients au 'tarif vert'.
Cette forte hausse "sera due pour plus du tiers à l'augmentation de la CSPE (taxe qui finance entre autres l'énergie solaire et éolienne, ndlr), laquelle s'explique pour l'essentiel par le développement des énergies renouvelables", prévient la CRE dans son rapport.
La semaine dernière, EDF avait de nouveau défendu des hausses de tarifs "raisonnées", tenant compte des problèmes de pouvoir d'achat et de compétitivité, pour couvrir ses énormes investissements maintenus à 12 milliards d'euros cette année.
30 % de hausse, une augmentation raisonnable ?
Alors que les salaires patinent, que des taxes nouvelles apparaissent et que flambent les prix de l'alimentaire et des carburants, cette annonce d'une électricité plus chère d'un tiers d'ici cinq ans ne va qu'aggraver la situation de nombreuses familles confrontées actuellement à des difficultés pour honorer le paiement de leurs factures.
La justification d'EDF, pour travaux d'entretien des réseaux et investissements dans les énergies renouvelables, doit nous rappeler que ces réseaux ont été oubliés durant des années, permettant à l'ancien opérateur public, de réaliser de somptueux bénéfices. Où sont-ils passés ?
Il faut aussi se rappeler que le réseau EDF actuel, nos centrales électriques (nucléaires ou non) ont été pour l'essentiel construites au sortir de la guerre, par le biais d'investissement collectif, qu'EDF aujourd'hui fait mine de pouvoir difficilement entretenir ou moderniser.
Comme pour GDF ou les autoroutes, l'ouverture au privé du secteur de l'électricité n'a bénéficié qu'aux actionnaires, les entreprises préférant augmenter leurs tarifs, diminuer le personnel, notamment à l'entretien des installations, et réduire les investissements utiles.
L'électricité, comme le gaz ou les transports, sont des services incontournables pour chacun. Ils ne devraient pas être confiés à des intérêts privés, même partiellement, car ceux-ci sont incompatibles avec les missions d'un service public de qualité, accessible à tous.
Plus globalement, ces annonces sur les allocations familiales comme sur EDF, démontrent que la France de 2013 n'a en rien changé sur la France de 2012.
Encore une fois, pour combler ses déficits, l'Etat se tourne vers la population salariée et laisse un ancien service public augmenter ses prix de manière scandaleuse, au risque de mettre des dizaines de milliers de familles en danger.
La France prend doucement la même voie que le Portugal, l'Espagne et la Grèce, avec un étranglement économique et un appauvrissement généralisé de la population orchestré par des gouvernements tantôt de gauche, tantôt social-démocrates, officiellement pour réduire des déficits publics volontairement grossis par les états eux-mêmes.
Refusons de payer leur crise !
Sur l'austérité comme sur les tarifs EDF ou la taxation des allocations familiales, montrons notre désaccord !
Deux raisons de plus de descendre dans la rue le mardi 5 mars.