Toulouse, Oslo, Tucson,... l'extrême-droite tue !
Après trois soldats sur Toulouse et Montauban, ce sont quatre victimes civils, un adulte et trois jeunes enfants de 4, 5 et 7 ans qui viennent d'être assassinées par un individu froid, organisé et qui cible ses victimes.
On aura beau parler d'un fou ou d'un déséquilibré, ce qui arrive actuellement sur la région toulousaine recoupe les événements récents d'Oslo, les 77 jeunes morts d'Utoya en juillet dernier, et de Tucson, les 6 morts dans une tentative d'assassinat d'une sénatrice démocrate, Gabrielle Giffords, en janvier 2011.
A chaque fois, la haine est à l'oeuvre. Une haine mêlée de religion.
On ne sait pas encore qui est responsable des assassinats sur Toulouse et Montauban. Les enquêteurs hésitent entre une piste islamiste et une piste d'extrême-droite.
La date des assassinats a t-elle un rapport avec le fait que la campagne électorale bat son plein et que se célèbrent les 50 ans des accords d'Evian ? En tout cas, le choix des victimes est loin d'être innocent.
A Toulouse et Montauban, les soldats assassinés étaient d'origine maghrébine et antillaise. Les enfants et l'enseignants assassinés hier sont juifs.
Islamiste ou d'extrême-droite, les causes radicales de ce type se rejoignent dans le rejet de l'autre, de celui qui n'a pas la même couleur de peau, la même religion, les mêmes opinions politiques. N'oublions pas non plus qu'une grande partie de cette extrême-droite, française ou anglosaxonne défend l'idée d'une "identité chrétienne" et combattrait une délirante "invasion musulmane" en Occident. De fait, radicalités islamistes et chrétiennes se rejoignent, se nourrissent l'une de l'autre.
A chaque fois aussi, derrière des assassins qu'on décrit comme isolés ou fous, il y a un contexte politique et social, des responsables politiques, qui créent les conditions d'un passage à l'acte en montant les tensions, en dénonçant des communautés, en montrant les "cibles" de ces tueurs...
Et quand je parle de cibles, ce n'est pas une formule de style ! Gabrielle Giffords, la sénatrice démocrate de l'Arizona , faisait partie d'une liste d'élus démocrates que les membres du Tea Party républicain désignaient par des cibles de tir au dusil sur une carte des Etats-Unis comme des ennemis de l'Amérique à éliminer en priorité de la vie politique. Des éléments radiacux de cet extrême-droite religieuse chrétienne ont simplement appliqués les consignes, si on peut dire.
Et Anders Behring Breivik, le tueur d'Oslo, se battait pour défendre l'Occident chrétien, la "race blanche", et avait choisi pour cible les jeunes socio-démocrates. Là aussi, le tueur assumait et assume toujours une vision raciale et religieuse de ses actes.
Quelque soit la mouvance du tueur de Montauban, et de ses éventuels complices, ses actes se nourrissent d'un climat délétère qui pourrit l'unité nationale. Un climat de haine cultivé depuis des décennies par l'extrême-droite française dont la branche publique, le Front National, se contente de désigner noirs et maghrébins à la vindicte populaire pendant que l'extrême-droite radicale continue de fantasmer sur les juifs et les communistes.
Ce climat de haine estr epris depuis quelques années par la puissance publique aux mains de la droite "républicaine". Le racisme, comme le vote FN, se banalisent. Les gens n'ont plus honte de s'affirmer ainsi.
La chasse aux sans-papiers, la lutte contre l'immigration, même légale, l'image donnée d'une République qui ne pourrait intégrer des musulmans et des africains récalcitrants, tout cela génère une banalisation du rejet des travailleurs issus de l'immigration. Y compris ceux qui sont nés en France, qui y ont grandi et étudié !
Parallèlement, cet isolement des français issus de l'immigration, notamment des musulmans, est un terreau fertile pour les islamistes qui profitent de cette ségrégation pour tirer vers eux des jeunes rejetés par la communauté nationale.
En même temps que certains à l'extrême-droite travaille au rejet des travailleurs issus de l'immigration et de leurs enfants, d'autres, de l'autre côté, profitent de ce rejet pour monter une partie des jeunes issus de l'immigration contre le reste de la société. Les extrêmes-droites se rejoignent, se nourrissent, se soutiennent.
L'horreur des crimes que connait la région toulousaine doit susciter de la compassion pour les victimes et leurs familles . On ne peut accepter en démocratie l'assassinat de soldats français, encore moins de civils, et encore moins de jeunes enfants.
L'enquête, on l'espère, permettra d'arrêter rapidement le ou les auteur(s) de cette barbarie.
Pour les simples citoyens que nous sommes, ces événements, comme ceux d'Oslo et de Tucson, doivent nous rappeler que l'extrême-droite est un danger permanent pour la paix civile et la vie de chacun d'entre nous.
Plus fort que la haine, il y a la fraternité et la solidarité.
A la Bastille samedi, Jean-Luc Mélenchon appelait à une sixième République solidarie et écologique, reprenant les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité issues de la Révolution de 1789.
Aux assassins d'extrême-droite, ce sont ces valeurs républicaines que nous devons opposer !