Danone monopolise les bébés

Dans le délicieux monde du capitalisme débridé, il y a monopole et monopole.
Il y a le vilain monopole, celui d'Etat. Un monopole sur l'électricité, la couverture sociale, le train ou le courrier qui nuit gravement à nos libertés de consommateurs car empêchant une saine concurrence ! Le type de concurrence que l'on rencontre chez les (trois) opérateurs de téléphonie mobile qui pendant des années se sont mis d'accord sur leurs tarifs et leurs parts de marché. Une liberté de concurrence qui fait que, sur le marché de l'éléctricité aux entreprises, les tarifs ont flambé de 75 % entre 2001 et avril 2006 alors que le vilain monopole public n'augmentait ses tarifs que de 11 % sur la même période !
Et il y a le bon monopole, le monopole privé. Ainsi, quelques jours après son annonce de la cession de LU au géant américain Kraft, Danone annonce le rachat prochain de Numico, leader européen de la nutrition pour nourrissons et premier âge. Avec sa filiale Blédina (1 500 salariés), Danone prendrait ainsi une position archi-dominante sur ce créneau. Mais, là, c'est normal ! C'est la vie des entreprises et l'intérêt des actionnaires donc, c'est bien ! Tant pis pour les salariés de LU ou de Blédina ! Ils doivent comprendre que leur sacrifice ne sera pas vain et permettra à quelques uns d'améliorer leurs fortunes personnelles.
Heureusement, loin des populations égoïstes et stupides, les commissaires européens et les gouvernements nationaux veillent à la bonne marche du progrès libéral, vers un avenir radieux où régnera enfin ce magnifique slogan : "capitalistes de tous les pays, unissez-vous !"