Comme conclusion au mouvement étudiant du printemps, les québecois ont rejeté les libéraux
Avec une courte majorité, ce sont les souverainistes du parti Québécois qui emportent les élections législatives de la "Belle Province".
32 % des voix pour le Parti Québécois contre 31 % pour le Parti Libéral Québécois, il s'en est fallu d'un cheveu que les électeurs fassent mentir les sondages et reconduisent les libéraux à la tête du Québec.
Derrière les souverainistes de centre-gauche du PQ et les unionistes libéraux, viennent ensuite la Coalition Avenir Québec, classée au centre-droit, avec 27 % des voix, et nos camarades de Québec Solidaire, souverainistes eux aussi, avec 6 %.
Cela donne un parlement du Québec étriqué, avec 54 députés "péquistes" (du PQ) contre 50 députés libéraux, 19 du CAQ et 2 députés solidaires, les leaders du mouvement, Françoise David et Amir Khadir.
Pourquoi parler de ces élections ?
Le Québec fait partie du Canada mais possède des spécificités fortes, la francophonie, certes, mais aussi l'importance de la puissance publique dans l'économie et sur le territoire.
Après dix ans d'un gouvernement libéral mené par Jean Charest, le Québec a connu un mouvement social sans précédent autour de la lutte des étudiants contre une explosion des droits d'inscription à l'université. Comme en France, l'enseignement devient une marchandise que seuls pourront se payer les enfants issus des classes aisées, favorisant ainsi la reconduction sociale qui plait tant à la bourgeoisie. Ces droits devaient ainsi passé de 2 168 $ canadiens en 2012 à 3 793 $ canadiens en 2017 soit une augmentation de près de 75 % en cinq ans.
Des mois de lutte étudiantes ont monopolisé l'actualité québécoise au printemps, avec blocage des universités et manifestations monstres, souvent inventives (des marches nocturnes ou nues contre un gouvernement qui met la jeunesse "à poil" !...).
Ces manifestations répétées et massives de dizaines de milliers de jeunes ont fini par décrocher la sympathie d'une majorité de la population. Ce que ne pouvait supporter un gouvernement de droite.
Pour briser le mouvement, après des vagues d'arrestation, les libéraux ont fait passer une loi liberticide pour restreindre le droit de manifestation, (Loi 78). Sans grand succès.
Ce mouvement a fortement marqué la campagne électorale de cet automne.
Le Parti Québécois avait pris fait et cause pour les étudiants, comme Québec Solidaire.
Le rejet d'un libéralisme échevelé, sur des sujets sensibles comme l'éducation et les choix économiques (Projet grand Nord) a été le moteur de la déroute libérale de ce mardi 4 septembre. La défaite du leader libéral, le premier ministre sortant Jean Charest, dans un fief électoral libéral, en est le symbole. Les 73,4 % de participation montrent aussi la mobilisation d'électeurs qui n'avaient été que 57,4 % à se déplacer en 2008, un record !
Cette déroute aurait pu être plus forte encore si les anglophones du Québec n'avaient pas été poussés à voter Libéraux par peur du souverainisme québécois.
D'ailleurs, la soirée électorale a été marquée par un drame : l'attentat mené par un anglophone isolé (?) contre la nouvelle premier ministre québécoise, Pauline Marois (PQ), et qui a causé le décès d'un homme et la blessure grave d'un deuxième.
Le Québec, isolé au sein d'un monde libéral anglosaxon, deviendra t-il un point de résistance populaire au capitalisme prédateur ?
En tout cas, le mouvement étudiant qui a mené ce changement de gouvernement a annoncé qu'il restera vigilant sur les mesures que prendra le gouvernement péquiste dans les semaines à venir.
Un parallèle est à faire avec la France où la défaite de Nicolas Sarkozy vient de la fatigue du peuple français, éreinté par une course au libéralisme qui le prive d'emploi et de revenus, le plonge dans l'incertitude pour lui et pour ses enfants.
Comme au Québec, le gouvernement de centre-gauche doit se souvenir des raisons qui ont mené le peuple à le choisir. Et le peuple doit être prêt à le lui rappeler si nécessaire, en s'appuyant sur les forces politiques radicales qui sont à ses côtés.