Quand France 2 met le chômage sur le compte de la natalité
Une croissance économique trop faible par rapport à la croissance démographique, voilà comment France 2 explique la montée du chômage !
On se demande comment des générations d'énarques ont pu passer à côté d'une explication aussi simple ? Si le chômage monte, c'est parce que les Français font trop d'enfants !
Selon François Lenglet, journaliste économique de France 2, c'est parce que la croissance économique serait trop faible par rapport à la croissance démographique que la situation économique se dégraderait (voir ici : http://www.francetvinfo.fr/economie/croissance/video-l-evolution-de-la-croissance-francaise_809795.html).
Dans un direct sur le plateau du Journal Télévisé de 20 heures, ce mercredi 28 janvier, le journaliste excuse complètement l'économie, les politiques des entreprises et celles des gouvernements successifs dans la hausse continue du chômage ces dernières années.
Selon lui, il faut regarder la richesse nationale comme un gateau. Ce gateau grossit au rythme de la croissance économique, celle du PIB (Produit Intérieur Brut). Or, la croissance est faible donc le gateau ne grossit pas vite, au contraire de la démographie française. Conclusion : un gateau à partager avec plus de monde, cela fait des parts plus petites. CQFD !
En écoutant ce reportage, j'étais stupéfait devant tant de bétise !
Exit la crise capitaliste mondiale ! Exit les délocalisations, les importations à bas coup ! Exit les bas salaires et l'austérité qui freinent la consommation ! Exit la concentration des richesses dans les mains des actionnaires !...
Tout repose donc sur une natalité trop importante ?
Déjà, parlons chiffres.
La croissance française s'est élevée à 0,4 % en 2014 pour une croissance démographique de 275 000 habitants soit + 0,41 % en une année.
Avec deux chiffres identiques, on peut dire que le gateau français a grandi autant que la population nationale. Les parts ne se sont pas réduites ! Pourtant le chômage continue à monter !
D'ailleurs, l'Allemagne connait un grave problème de renouvellement des générations, cela entraine un vieillissement de la population qui inquiète largement les économistes et les politiques outre-Rhin. A croire M. Lenglet, moins de bébés et moins de jeunes, cela devrait favoriser l'emploi ?
L'analyse simpliste de France 2, en mettant de côté les facteurs économiques du chômage, disculpe complètement les responsabilités d'un système économique poussé aux limites de sa logique.
France 2 omet complètement quelques vérités, comme l'augmentation chaque année du nombre de millionnaires en France, preuve que certains voient leur part du gateau augmenter bien trop vite. Ils sont aujourd'hui 2,44 millions tout de même !
Par ailleurs, la part moyenne du gateau français se situe à 314 000 dollars selon le Crédit suisse, soit la 6ème place mondiale. 314 000 dollars, c'est plus de 370 000 euros par ménage ! Une moyenne déjà importante et qui cache de fortes disparités comme on le voit avec un nombre réduit de millionnaires en France.
François Lenglet va même plus loin en expliquant qu'il faudra s'habituer à une croissance nulle à l'avenir ! En clair : "serrez-vous la ceinture ! L'avenir est sombre !".
En diffusant ce genre de reportages erronés, France 2 contribue à détourner le débat politique des vraies questions, celles autour des moteurs de la création de richesses et celles qui concernent la répartition inégalitaire de ces richesses en France. France 2 contribue également à imposer l'idée d'une fatalité dans cette situation au travers d'une croissance que l'on ne reverrait jamais, selon son journaliste.
Bien au contraire, comme l'a prouvé Syriza dimanche dernier, le destin n'est pas joué si les peuples se réveillent !
Notre pays, sixième pays le plus riche au monde, a des ressources et de l'avenir à condition que s'achèvent ces politiques libérales qui bradent notre économie aux marchés financiers et qui imposent de l'austérité au peuple pour que s'enrichissent une minorité de gros actionnaires et de spéculateurs.
La natalité et la démographie française ne sont en rien responsables de la hausse du chômage !
Le coût du capital qui ponctionne les richesses produites par les salariés français au profit des marchés financiers est à remettre en cause si l'on souhaite que reviennent les investissements productifs et les emplois.