"PARADISE PAPERS" : "ce n'est pas un dysfonctionnement, c'est le cœur de la machine finance !"
Comme le précise ici le sénateur communiste Eric Bocquet, regarder les révélations des Paradise papers comme relevant d'un scandale est absurde : qui aujourd'hui n'a pas été démarché par mèl ou directement par un organisme "gestionnaire de patrimoine" pour une "optimisation fiscale" et "payer moins d'impôts" ?
Aujourd'hui, plus vous avez d'argent, moins vous payez d'impôts !
Il y a encore peu, nous avions ici rappelé que Liliane Bettencourt, première fortune de France, ne payait que 8 % d'impôts sur ces revenus quand un Français "moyen" en payait 20 % ! Il s'agissait déjà de ce que les riches appellent de "l'optimisation fiscale".
La nouveauté des Paradise papers est de mettre en lumière l'importance des sommes qui sont expédiées à l'étranger par des entreprises et des particuliers pour éviter de payer des impôts en France.
Et qu'on ne vienne pas une nouvelle fois nous sortir les violons et les couplets sur ces pauvres riches et ces entreprises qu'on étouffe à cause des impôts et des taxes ! être pauvres et vivre en HLM serait presque plus enviable que de vivre à Neuilly dans une villa bourgeoise à les entendre ! Encore un peu et il faudrait presque que l'Etat leur donne de l'Argent ! !... Ah oui ! C'est exactement ce que fait l'Etat avec le Crédit d'Impôts Compétitivité Recherche (pour Total, par exemple) ou les annonces d'allègement de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune !
Là où le système capitaliste a été fort, c'est qu'au travers de ses relais, forces politiques libérales et médias privés comme publics, il a réussi à faire croire au plus grand nombre qu'il n'y avait plus d'argent dans nos pays à cause d'une crise que seuls subissent ceux qui vivent de leur travail, et qu'il fallait que les plus riches et les plus puissants soient encore plus riches et puissants pour espérer, peut-être, que notre sort s'arrange !
Et si on leur disait non ? Et si on reprenait le pouvoir ?
Solidaire
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Le parlementaire est l'auteur avec son frère Alain Bocquet de Sans domicile fisc. En 2012, il a travaillé pour la Commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales, dont il était le rapporteur.
Un système "très sophistiqué"
Éric Bocquet insiste sur le caractère "systémique" de l'évasion fiscale, qui se cache selon lui derrière les exemples de personnalités publiques et politiques épinglées par ces révélations : "On dit : 'Je veux optimiser ma charge fiscale', c'est l'expression politiquement correcte. Et des gens sont là pour aider. Il y a des banques, il y a des cabinets d'audit et de conseil, des avocats fiscalistes, tout un système très sophistiqué. Ces gens ont décidé un jour de jouer ce jeu-là".
"Les États ont renoncé à leur pouvoir politique. Il n'y a que l'État qui peut lever l'impôt dans le monde, et ça, c'est insupportable pour les multinationales. Elles veulent gérer le monde en direct. Les États doivent reprendre la main pour construire des sociétés civilisées." - Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord à franceinfo
Le sénateur réfute l'idée - portée notamment par l'OCDE - que des progrès spectaculaires ont été faits pour lutter contre l'évasion fiscale depuis la crise financière de 2008 : "Je salue le travail technique de l'OCDE, mais il manque la volonté politique des décideurs d'appliquer les recommandations. Comment expliquer que les Bermudes, dont il est question dans les 'Paradise Papers', ont été retirées de la liste française des paradis fiscaux depuis janvier 2014 ? Il y a bien eu un ministre ou un président qui a décidé ça !"
France Info