Notre-Dame-Des-Landes : un recul qui doit servir de leçon

Edouard Philippe a finalement annoncé ce midi l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

40 ans de tergiversations et quelques années de batailles rangées entre opposants et partisans du projet pour arriver à un abandon ? Que dire devant tant d'énergie et d'argent gâchés ?

Sur le fonds, on ne pouvait qu'être d'accord avec ceux qui s'opposaient au bétonnage supplémentaire de terres agricoles et de forêts pour accroître le trafic aérien alors que la transition agricole et énergétique sont devenus des questions de survie de l'humanité.

En face, la question du développement économique de la Bretagne semblait exagérée puisqu'un aéroport existe déjà sur Nantes et que le développement d'un territoire peut passer par d'autres moyens de transports, notamment le transport ferroviaire. Un sujet curieusement écarté des discussions alors que la question de l'avenir de la SNCF et du réseau ferré français fait l'actualité ! ?

Certes, les nuisances sonores et la pollution que subissent les actuels riverains de l'aéroport de Nantes sont des questions majeures auxquelles il faudra répondre. Mais, la réponse résidait-elle dans le fait de déplacer ailleurs le problème pour polluer plus et déranger d'autres riverains et d'autres écosystèmes ?

Et pourquoi pas déplacer Roissy plus loin dans l'Oise ou Orly en Seine-et-Marne pour "soulager" les riverains actuels ? Sûr qu'un sondage fait sur ces questions dans les zones densément peuplées qui entourent ces aéroports donnerait une réponse favorable qui pèserait lourd face à la prévisible opposition de ceux chez qui on souhaiterait déplacer le problème et qui seraient fatalement moins nombreux... puisque situés en zone rurale !

C'est pourtant ce type de sondage qui a servi d'appui pendant des années aux partisans de l'aéroport !

Bref ! Maintenant que le gouvernement abandonne le projet, il est peut-être temps de se poser la question de ces grands projets, pensés en haut lieu, entre "décideurs" politiques et économiques, sans consulter la population et, surtout, sans sortir du schéma économique actuel, pensé autour de l'expansion sans fin des zones d'activité, du bétonnage de terres agricoles, de toujours plus de routes et de moyens de transports polluants.

Et si un jour on pensait à la redynamisation des centre-villes, à la relocalisation des entreprises et à un modèle de développement économique durable et écologique ?

Après Notre-Dame-des-Landes, d'autres combats restent à mener, en premier lieu celui contre le contournement est de Rouen, qui concerne l'Eure et la Seine-Maritime, et que mènent nombre de riverains concernés, soutenus par les communistes locaux, notamment les maires communistes d'Alizay, de Sotteville-les-Rouen ou de Oissel.