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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Après la Hongrie, l'Espagne et la France : vers un pouvoir autoritaire en Italie !

Solidaire

Avec ses particularités, l'Italie connait à son tour la montée de puissance d'une droite dure, ultra-libérale et anti-migrants.

Les élections italiennes de ce dimanche 4 mars n'ont pas été marquées par une abstention record comme l'annonçaient les sondages. Ce surcroit d'électeurs, malheureusement, ne change rien aux prédictions des sondages sur les grandes tendances de ce scrutin !

Italie : la victoire des droites !

Même si le système électoral italien s'avère complexe et que tous les résultats électoraux ne sont pas encore connus, ce sont bien des forces de droite et d'extrême-droite qui emportent le scrutin italien.

Le grand vainqueur des élections, quoi qu'en disent les médias, c'est bien le "Mouvement 5 étoiles" (M5S), créé par le "comique" Bepe Grillo, qui portait à l'origine de fortes critiques anti-système, un rejet tant de la classe politique italienne, gangrenée par la corruption (Type Berlusconi), et soumise corps-et-âme à une Union européenne rejetée aussi en Italie.

Ce qui apparaissait d'abord comme un mouvement populiste, c'est convertit en mouvement politique de droite depuis quelques années, passant au niveau européen du camp de la droite anti-européenne (au côté des britanniques nationalistes du UKIP) à la droite ultra-libérale et pro-européenne (groupe libéral du Parlement européen) ! Une trajectoire qui résume bien l'idéologie faussement rebelle de ce mouvement.

Avec 30 à 32 % des voix (selon le scrutin), le M5S devient le premier parti d'Italie et renforce ses scores.

Dans le camp de la droite officielle, deux partis coalisés font aussi un très bon résultat. Le parti du multi-condamné Silvio Berlusconi (Forza Italia) semble néanmoins devancé par le parti d'extrême-droite La Lega, l'ex-Ligue du Nord, passée sournoisement du rejet des Italiens du sud au rejet des migrants.

Avec 30 à 32 % aussi, ces deux forces de la droite dure et libérale font jeu égal avec le M5S.

Reste, dans les grandes forces politiques italiennes, le Parti Démocrate, qui a recyclé les renégats du Parti communiste italien (PCI), autrefois faussement révolutionnaires et aujourd'hui ardents défenseurs du libéralisme et de l'Union européenne. Une trajectoire que l'on retrouve partout dans les anciens pays de l'ex-bloc socialiste, où les dirigeants d'aujourd'hui sont souvent d'anciens responsables de l'époque soviétique, comme Boris Eltsine ou Vladimir Poutine en Russie.

Le Parti Démocrate, au pouvoir jusque là, se retrouve à moins de 20 % des voix et subit la même punition que toutes les forces social-démocrates européennes : PSOE espagnol, PS français, SPD allemand, PASOK grec...

A gauche, c'est la débâcle !

La scission de "gauche" du Parti Démocrate, Liberi e Uguali (Libres et Égaux) plafonne à 3,5 %. On ne sait pas encore si cette force aura des élus.

Les forces de transformation sociale n'ont pas su capitaliser la contestation populaire même si leur émergence récente explique, en soi, les faibles scores obtenus :

  • Potere al Popolo (Pouvoir au Peuple), qui regroupe des associatifs, des syndicalistes et les deux partis communistes héritiers du PCI (Rifundazione et le PCI [!]), voisine 1,10 % ;
  • Il Partito Comunista (Parti communiste), scission de 2016 du PCI (L'actuel ! !), ne totalise qu'un peu plus de 0,30 % des voix !
Une Europe au pris avec des gouvernements libéraux et autoritaires

Avec ces résultats, l'Italie entre dans une période incertaine quant au prochain gouvernement qui sera nommé. Néanmoins, à la lecture des résultats, ce sont de toute façon des forces de droite, libérales et anti-migrants qui seront aux affaires, des forces marquées par un populisme de droite (le Poujadisme du M5S) ou par un conservatisme raciste. Seule le positionnement vis-à-vis de l'Union européenne sépare ces mouvements !

En cela, l'Italie rejoint d'autres pays marquées par des gouvernements d'une droite conservatrice socialement mais ultra-libérale, comme dans les pays baltes ou la Pologne), avec des tendances anti-immigrées marqués : le camp de Berlusconi appelait à nettoyer les rues des immigrés il y a quelques temps. En ce sens, c'est vers la Hongrie de Victor Orban qu'il faut se tourner pour imaginer le gouvernement italien de demain.

L'Espagne, de son côté, si elle ne fait plus la Une des médias, connait elle aussi une dérive autoritaire du pouvoir central au main de la droite post-franquiste du Parti Populaire et de son premier ministre, Mariano Rajoy.

Au-delà de la politique néo-libérale sur le plan économique, la rigidité du PP sur le dossier catalan entraîne une vague répressive marquée depuis des mois par l'arrestation de plusieurs parlementaires indépendantistes, de syndicalistes, et la reprise en main des médias publics régionaux. Une purge qui inquiète les organisations internationales des droits humains... mais par l'Union européenne !

Et la France dans tout ça ? Peut-on la mêler à ces derniers exemples ?

N'oublions pas que le mouvement En Marche est né d'une forte recomposition politique sur fonds de "dégagisme", forme française du rejet de la classe politique, et que son Président mène depuis juin dernier une forme de guerre-éclair contre les acquis sociaux et les acquis de la Résistance (Retraites, services publics, statut du fonctionnaire,...) digne de l'offensive libérale de Margareth Thatcher dans le Royaume-Uni des années 80 !

Cette façon de réformer se fait contre toute forme de négociation sociale, via des ordonnances que même les parlementaires ne peuvent discuter, et avec un appui aveugle des médias !

La France connait donc, elle aussi, un pouvoir libérale imposant ses décisions de manière autoritaire, en s'appuyant sur des médias qui lui sont entièrement acquis et avec un parlement d'opérette.

De fait, l'évolution politique de nombreux pays européens ne fait que refléter la triste réalité d'une Europe qui, depuis toujours, n'a jamais été un exemple de démocratie, ni un outil au service des peuples, de leur bien-être et du développement social. De Maastricht en 1992, au Traité de Lisbonne en 2007, en passant par le Traité Constitutionnel Européen en 2005, l'Europe s'est construite avant tout dans l'intérêt des grands groupes industriels et financiers, en imposant aux peuples des règles libérales grâce à des gouvernements complaisants.

Le rejet des classes politiques qui ont mis en musique ces politiques à l'échelon national, particulièrement des forces qui se revendiquent de "gauche" comme la social-démocratie, s'accompagne dans beaucoup de pays d'une crispation identitaire que réussissent à capter des forces nationalistes, parfois ouvertement racistes.

Malheureusement, comme le montre le Mouvement 5 étoiles en Italie, il n'y a rien à espérer de ces forces qui restent idéologiquement dans le giron capitaliste et ne remettront pas en cause le modèle économique actuel et la domination des marchés.

Si les forces progressistes, notamment communistes, n'arrivent pas à renouer rapidement avec les classes populaires et à redonner un sens à l'engagement anticapitaliste, nos sociétés européennes courent à leur perte, vers une régression sociale encore plus importante et marquée par des divisions internes selon les origines et les statuts, des divisions qui servent finalement les grands bénéficiaires de ces régressions : les actionnaires des multinationales et ceux qui les gèrent.

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