Palestine : 59 morts et une inauguration

Des tirs à balles réelles sur des civils, dont des femmes et des enfants : quelle aurait été la réaction des médias et de la communauté internationale si cela s'était passé en Chine ou au Venezuela ?

Nous n'avons de cesse de dénoncer les violences coloniales et racistes imposées par le gouvernement israélien aux Palestiniens. Les dernières semaines ont vu monter le niveau de violence à Gaza et à Jérusalem pour atteindre des sommets dignes des pires guerres.

Hier, ce sont 59 civils palestiniens qui ont été tués par l'armée israélienne et plus de 1 000 blessés. Du tir au pigeon à balle réelle contre des civils comme du temps de l'Apartheid en Afrique du Sud, ou des pires dictatures des années 70.

Certes, on pourra ergoter sur les agissements du Hamas qui pousse les civils à manifester massivement aux portes du territoire israélien.

Mais, la situation à Gaza comme dans tous les territoires occupés, notamment l'implantation du Hamas face à l'OLP à Gaza, est le fruit des politiques de pourrissement et du fait accompli menés par Israël depuis des décennies, avec le soutien tacite des gouvernements occidentaux.

Etranglés économiquement, enfermés dans des enclaves (des "réserves indiennes" ou des "bantoustan"), privés d'accès aux soins, aux études, avec des terres agricoles qui se font régulièrement confisquées par Israël, ... quelles sont les perspectives des jeunes palestiniens ?

La violence d'Israël à l'encontre d'un peuple entier ne peut que se retourner contre lui.

Et si le soutien dont bénéficie ce pays depuis sa création de la part de l'Occident lui a permis jusque là de toujours s'en sortir, il est à craindre que le rééquilibrage des forces au Proche-Orient, en faveur des pays et mouvements opposés à Israël, ne finisse par coûter cher au peuple israélien dans un délai désormais assez court !

Déjà, les échanges de bombes entre Israël et Iran, par Syrie et Golan interposé, ont montré que Israël ne dispose plus d'une domination absolue, ni dans les airs, ni dans le secteur des missiles. On comprend mieux l'ardeur d'Israël à pousser Trump dans une opposition au régime iranien et sa volonté de freiner la victoire du gouvernement syrien face aux rebelles islamistes !

Et l'inauguration en grandes pompes de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem sonne comme une grande claque au monde arabe, aux Palestiniens en premier lieu, mais aussi à tous ceux dans le monde arabe et musulman qui n'ont pas abandonné la solidarité envers ce peuple. D'autant plus que Jérusalem est aussi un symbole religieux, en tant que premier lieu saint de la Chrétienté (forte chez les Arabes au Liban, en Syrie, en Iraq,... et chez les Palestiniens !) et troisième lieu saint de l'Islam !

Tout concoure aujourd'hui à créer les conditions d'une explosion massive de la Région dont les conséquences pourraient bien rejaillir jusque dans nos pays !

Pour notre part, nous restons profondément convaincus qu'il ne peut y avoir de solution durable au Proche-Orient sans règlement de fonds de l'injustice que subissent les Palestiniens depuis 1948 et sans respect des droits humains et des règles internationales par Israël.