Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Venezuela : vers une intervention militaire des Etats-Unis ?

Solidaire

Après la Grenade, l'Iraq, la Libye et la Syrie, le Venezuela semble bien être la prochaine cible des grands pays capitalistes.

Que faut-il pour justifier une intervention militaire ? Voici un thème largement travaillé depuis des décennies par les grands pays capitalistes (les pays dits "démocratiques") !

Pendant des décennies, depuis la fin de la déroute américaine au Viêt-Nam, les pays occidentaux ont fait le choix d'éviter d'intervenir directement dans des conflits à l'étranger. Comme au Chili, avec le renversement de Salvador Allende par l'armée, ce sont souvent les services secrets et officines parallèles qui intervenaient discrètement.

Il aura fallu attendre 1982 pour que les Etats-Unis interviennent directement dans un pays libre, en l'occurrence la petite île antillaise de La Grenade, justifiant l'envoi de troupes par une supposée menace sur les citoyens américains. Il fallait surtout renverser le nouveau président élu, progressiste donc susceptible de pencher vers Cuba ou l'URSS.

On connait la suite.

Il y eu d'abord l'Iraq de Saddam Hussein, une dictature sanguinaire largement soutenue par nos grandes démocraties tant qu'elle constituait un pare-feu à l'Iran des Mollahs. Les massacres d'opposants, de Chiites ou de Kurdes, n'ont pas suscité l'indignation de nos pouvoirs et des grands médias durant toutes ces années. Il aura fallu attendre des choix stratégiques contraires aux intérêts des Etats-Unis (la vente du pétrole en euros et non plus en dollars) pour que ces derniers entrainent Saddam Hussein dans un traquenard, celui d'une invasion du Koweït. On se souvient par la suite des manipulations des Etats-Unis pour justifier une intervention militaire internationale contre l'Iraq : l'existence d'armes "de destruction massive" en Iraq, armes que personne n'a jamais trouvées ; une fiole d'anthrax irakien agitée en pleine séance de l'ONU par le général Colin Powell, fiole qui ne contenait que de l'eau ; des soldats irakiens qui auraient débranchés les appareils maintenant en vie les bébés prématurés koweitiens, autre manipulation de l'info !...

L'Iraq et ses manipulations aura été suivi de la Libye, autre régime autoritaire qui bénéficiait jusque là d'une certaine mansuétude de nos grandes "démocraties" jusqu'au jour où son dirigeant est devenu menaçant pour la puissante Banque mondiale, en créant un fonds 100 % africain et indépendant des pays occidentaux, et menaçant aussi pour le dirigeant français de l'époque, Nicolas Sarkozy, avec les soupçons de financement de la campagne présidentielle du candidat de la droite par la Libye. L'assassinat en rase campagne de Mouammar Kadhafi, que certains attribuent aux soldats français, aura permis d'éviter un grand déballage de vérités gênantes en cas de procès !..

La Syrie aura suivi la Libye. Là encore, des manifestations de l'opposition se sont vite transformées en affrontement armé, sous l'effet conjugué d'un pouvoir peu démocratique, mais aussi de certains opposants très vite passés à l'opposition armée contre le pouvoir. 8 ans de conflit auront ruiné la Syrie et, surtout, permis l'émergence d'un Etat Islamique dont notre pays a été l'une des cibles. La défaite militaire occidentale en cours, avec la présence avérée de troupes américaines et françaises, ne semble pas décourager les ardeurs de nos gouvernements pour des interventions contre des pays qui cherchent à s'émanciper des multinationales occidentales.

C'est ainsi que le Venezuela est devenu la nouvelle cible des puissances capitalistes et de leurs médias.

Il y aurait pourtant tant de sujets à couvrir, tant de pays qui violent impunément les sacro-saints Droits de l'Homme et les "valeurs démocratiques" : l'Indonésie de Duarte, qui massacre impunément et hors cadre légal tous ceux qui sont qualifiés de trafiquants, l'Arabie Saoudite, foyer du wahabisme qui a inspiré autant Al Qaïda  que DAESH, pays où les femmes sont considérées comme des êtres inférieurs et où l'opposition est muselée (voire l'assassinat de Kashoggi), le Koweit où les opposants et les chiites sont régulièrement victimes de condamnations à mort, la Turquie, où le pseudo coup d'état a permis une purge contre toute forme d'opposition au pouvoir islamiste d'Erdogan,... les exemples ne manquent pas !

Le tort du Venezuela, ce n'est pas la situation économique difficile qui entraine des pénuries sur la nourriture ou les médicaments ! A ce titre, nos troupes seraient déjà présentes dans tous les pays pauvres du monde ! D'ailleurs, nos médias évitent soigneusement de donner la parole au gouvernement légal du Venezuela pour qu'il explique les causes de cette pénurie : l'embargo des Etats-Unis (et oui !) qui empêche le commerce avec le Venezuela, y compris sur les médicaments, et le rôle concret des grandes entreprises privées du Venezuela, de la corruption et de la Colombie, qui organisent cette pénurie, jouent sur la flambée des prix et détournent les médicaments vers le marché noir colombien. Mais la vérité compte t-elle quand il faut diaboliser un gouvernement ?

Le tort du Venezuela, ce n'est pas non plus une quelconque répression de l'opposition : plus d'une vingtaine d'élections ont eu lieu dans ce pays en vingt ans, avec l'aval des organismes internationaux. Le parlement actuel n'a plus vraiment de rôle depuis qu'un référendum a institué une assemblée constituante qui doit en changer le rôle et le mode de désignation, et que, logiquement, rejette l'opposition.

Le tort du Venezuela, c'est d'avoir entamer une révolution populaire imparfaite ! En nationalisant la ressource pétrolière et quelques menus secteurs industriels, le pouvoir bolivarien a souhaité mettre les ressources de la Nation au service de la Nation, plutôt qu'au service d'une petite classe bourgeoise locale au service des multinationales du pétrole basées aux Etats-Unis.

Oui, cette révolution est imparfaite et c'est ce qui la rend fragile !

Comme au Chili d'Allende, le Venezuela de Chavez et de Maduro n'a pas mesuré le pouvoir de nuisance de la bourgeoisie, soutenue par une partie des classes aisées, par l'Eglise et par les puissances occidentales. En ne combattant pas le pouvoir de ces classes possédantes, ces gouvernements ont prêté le flanc aux attaques médiatiques, aux campagnes de boycott électoral, aux opérations de déstabilisation économiques, voire aux coups d'état militaires et aux interventions étrangères.

Le Venezuela d'aujourd'hui est au bord du gouffre, menacé autant par une crise économique montée de toute pièce, que par une guerre civile poussée par l'opposition qui justifierait une intervention militaire colombienne et étatsunienne.

Aux démocrates de soutenir le Venezuela et son gouvernement légitime face aux menées des puissances occidentales.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires