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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Bolivie : quand l'information frôle la désinformation !

Solidaire

Quand nos médias taisent des informations pour protéger l'image de l'opposition de droite en Bolivie, l'information devient propagande.

Avec plus de 47 % des voix, le président socialiste Evo Morales bénéficiait d'un net avantage sur son concurrent de droite au soir des élections présidentielles du 20 octobre dernier. Le candidat de droite, Carlos Mesa, soutenu par les milieux patronaux, les Etats-Unis et les régimes pro-américains locaux (Brésil, Colombie, Pérou,...), ne recueillait que 36,5 % des voix.

Selon la constitution, le candidat qui dépasse 40 % des voix au premier tour avec un écart de plus de 10 points sur son suivant est déclaré vainqueur de l'élection.

Comme au Venezuela, la droite a contesté le résultat et, de suite, appelé à un blocage de l'économie et à des manifestations de rue. Y-avait-il vraiment un problème d'irrégularité du vote ? On n'en saura rien puisque l'opposition et l'Organisation des Etats Américains (majoritairement pro-Etats-Unis) ont refusé de participer à un recomptage des voix, pourtant proposé par le président Evo Morales !

Cette tentative de conciliation refusée par l'opposition, rien ne pouvait donc justifier la légalité (ou non) du scrutin présidentiel. C'est donc une stratégie d'opposition systématique qu'engageait l'opposition de droite.

Dès ce moment, les Etats-Unis, par la voix de Donald Trump, appelaient au renversement du gouvernement en place. Nos médias français se sont empressés de couvrir les manifestations de l'opposition, oubliant celles des partisans du président sortant. Une manière de tordre l'information déjà employée au Venezuela.

En quelques semaines, les manifestations pacifiques se sont muées en démonstrations de force, avec des agressions de militants pro-Morales, voir d'élus de gauche, comme ce fut le cas début novembre avec la maire de Vinto, Patricia Arce, enlevée dans sa mairie par des militants de droite, frappée, menacée de mort, peinte en rouge en place publique, un lynchage qui aurait pu mal finir sans l'intervention (tardive) de la police. Ces dramatiques agressions, vous n'en entendrez pas parler dans les médias dominants : comme à Hong-Kong ou en Syrie au début de la guerre civile, rien ne doit salir l'image des gentils démocrates (de droite et pro Etats-Unis) qui s'opposent à de méchantes dictatures !

Pour faire baisser la pression, le président Morales annonçait un nouveau scrutin présidentiel, tuant ainsi l'argument de l'opposition concernant la légitimité du scrutin. Mais, pour l'opposition, la question n'est pas dans le fond de gagner les élections de manière démocratique mais de faire chuter un président et une majorité acquise au peuple bolivien et aux intérêts des plus pauvres, comme au Venezuela ! 

Cela explique le soutien occidental à l'opposition bolivienne. Fort de l'appui des gouvernements libéraux américains et des Etats-Unis, l'opposition a continué de faire monter le degré de violence, jusqu'au pillage de la maison du président Morales à Cochabamba, poussant ce dernier à demander l'asile au Mexique ! Une situation qui aurait dû provoquer une réaction d'indignation internationale !... Mais non !

Depuis, le peuple bolivien se mobilise avec force : syndicats, mouvements indigènes, militants de gauche, organisent manifestation, marches sur la capitale et blocages massifs à travers le pays.

Pour contrer la mobilisation populaire et se donner un semblant de légitimité au niveau international, l'opposition de droite à désigner l'une de ses sénatrices, Jeanine Anes, "présidente de la Bolivie". Une désignation complètement antidémocratique puisque obtenue au Parlement en l'absence de la majorité des sénateurs, pro-Morales ! Encore une fois, l'information sera passée sous silence en France et nous voilà donc, dans nos médias, avec une présidente bolivienne présentée comme légitime !

Malgré ses soutiens à l'étranger, Jeanine Anes se trouve dans la situation de Juan Guaido, le putschiste vénézuélien, sans appui populaire et face à une mobilisation sociale d'ampleur !

Si l'armée et la police vénézuélienne ont choisi le camp des institutions et de la légitimité électorale, ce n'est pas le cas de la majorité des forces de l'ordre boliviennes : leur pactisation avec les manifestants de droite aura précipité le pays dans une situation de quasi guerre civile.

D'ailleurs, le gouvernement illégitime de Jeanine Anes a autorisé l'armée à briser les mobilisations des partisans d'Evo Morales, en utilisant les armes à feu et en dédouanant armée et police de toute poursuite pénale : un appel au crime clair !

Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que l'armée s'exécute : ce sont déjà une dizaines de paysans qui ont été tués par balles en deux jours ! Croyez-vous que nos journalistes et nos grands défenseurs des droits de l'Homme s'en soit émus ? Absolument pas ! Un mort à Hong-Kong en trois mois de manifestations violentes et voilà le gouvernement de ce territoire considéré comme dictatorial et à la solde du régime chinois (forcément sanguinaire) !... Deux poids - deux mesures à l'image du traitement général de la politique internationale dans nos médias !

Au final, le peuple bolivien et la légitimité des élections dans ce pays ne sont pas au cœur des préoccupations de nos médias ni des auto-proclamés défenseurs des Droits de l'Homme. La priorité est bien de présenter l'information sous un angle favorable à une opposition qui défend le modèle capitaliste libéral et les intérêts des classes dominantes locales, à l'image du modèle que défendent nos médias français.

Pour notre part, nous soutenons le gouvernement légitime de Bolivie, son parlement et les mouvements populaires en cours qui entendent reprendre le contrôle de leur pays et de leur histoire.

Les événements actuels semblent montrer une évolution plus défavorable à l'opposition, avec une mobilisation populaire pro-Morales historique et des troupes qui se rangent derrière le peuple bolivien.

Souhaitons que la Bolivie ne bascule pas dans la guerre civile !

 Ici : Des soldats pactisent avec les partisans d'Evo Morales

 

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