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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Après le F'Haine, le R'Haine

Solidaire

Avec les manifestations françaises contre les violences policières, le Rassemblement National retrouve son discours haineux et raciste.

Sous l'ère Marine Le Pen, le message nationaliste de la mouvance d'extrême-droite s'est voulu plus rond, moins ouvertement raciste, pour attirer plus d'électeurs. Le discours s'est voulu plus social, volontairement ouvriériste, presque anti-capitaliste, pour attirer un électorat populaire orphelin d'une gauche convertie au libéralisme et d'un Parti communiste convalescent. Cette stratégie s'est accompagnée d'un changement de nom, de Front National en Rassemblement National, histoire de convaincre qu'une page était tournée.

Et cela a marché. Les résultats électoraux, dans les milieux populaires et chez les classes moyennes, démontrent la réussite de cette stratégie. Les conversions médiatisées de quelques militants de la gauche radicale vers le Rassemblement National, comme celle de Fabien Engelmann, illustrent à quel point le mirage a pu fonctionner, comme dans les années 30, quand d'anciens cadres de gauche, comme Jacques Doriot, ont glissé vers l'extrême-droite et la Collaboration avec les Nazis.

Cependant, derrière les sourires et les discours populistes, se terrent toujours la haine, le racisme et la violence refoulée.

Ces derniers jours, avec la multiplication des manifestations pour dénoncer les violences policières et la montée du racisme au sein de nos forces de l'ordre, voilà que plusieurs hauts cadres du Rassemblement National ont retrouvé leur discours d'extrême-droite, celui de l'époque Jean-Marie Le Pen.

Après l'assassinat de George Floyd, aux Etats-Unis, la vague d'émotion mondiale qui s'est répandue a fait écho à la colère des proches d'Adama Traoré, et au sentiment de beaucoup de jeunes Français issus de l'immigration, parfois harcelés par la police. Les mobilisations en France ont donc pris un caractère local et exigent des actions contre une impunité ressentie des forces de l'ordre et la banalisation des discours racistes au sein de la police et de la gendarmerie. Elles mobilisent bien sûr beaucoup de jeunes issus de l'immigration mais aussi beaucoup d'autres citoyens, jeunes et moins jeunes.

Cette mobilisation a fait bondir la bête immonde qui se terrait au sein du Rassemblement National.

S'attaquer au racisme et refuser une quelconque impunité policière, c'est s'attaquer à des fondements des valeurs d'extrême-droite !

Si la réaction d'un vieux briscard de l'ère Le Pen père, Bruno Gollnisch, qui assume un discours ouvertement raciste en demandant aux "manifestants de rentrer dans leur pays" n'a rien de surprenant, on pourrait être plus étonnés de voir le désormais numéro deux du parti et ex-tête de liste de l'extrême-droite aux Européennes, Jordan Bardella, affirmer avec assurance que "racailles et indigénistes doivent jubiler".

Derrières les propos de ces deux cadres du RN, de deux générations pourtant bien distinctes, on retrouve la même unité idéologique, celle qui nie aux jeunes nés et scolarisés en France leur identité française si leurs parents sont d'origines extra-européennes, d'Afrique ou d'Asie, une vision de cette jeunesse vue comme forcément, génétiquement, délinquante et ennemie de la France. Une vision de l'identité française qui rejoint la vision de la "race" dans les mouvements d'extrême-droite qui ont précédé le Front National, dans les années 30 comme dans l'après-guerre. En cela, le RN est aujourd'hui encore un parti raciste, porteur d'un héritage criminel.

On sait ce que cela a donné.

Malgré des changements de nom et un discours plus social et ouvert, le Rassemblement National reste fondamentalement un parti d'extrême-droite, raciste et nationaliste par nature, prompt à utiliser la violence verbale contre ceux qui ne répondent pas aux stéréotypes de son idéologie... en attendant, un jour, de pouvoir peut-être passer à une violence physique ?

Contre le R'Haine, pas de tolérance ! Contre la démagogie sociale de l'extrême droite, seule la reconstruction d'une offre politique de rupture avec le capitalisme peut ouvrir des perspectives concrètes et crédibles à des classes populaires confrontées à l'effondrement du cadre protecteur de l'état nation et de ses services publics.

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