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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

39ème Congrès du PCF : oublions la tactique et parlons politique !

Andrée Oger

Les communistes entament les travaux qui mèneront à leur 39ème Congrès, fin 2021. Un Congrès qui précède l'élection présidentielle de 2022, argument des perdants du 38ème Congrès pour revenir sur le devant de la scène et éluder les débats de fonds sur l'orientation politique du PCF et son avenir.

Avec son 38ème Congrès, en novembre 2018, le Parti communiste français rompait avec la stratégie initiée par Robert Hue avec la Mutation et que n'ont jamais rejetées les directions suivantes, notamment avec Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent.

Une majorité de communistes ont porté lors de ce congrès la volonté de relancer un Parti communiste devenu une simple machine électorale, le plus souvent pour des alliances qui menaient le PCF et ses valeurs à l'effacement : Collectif Anti-Libéraux, Front de Gauche, campagne 2017 pour Mélenchon,...

Bref ! A l'heure où la machine à broyer libérale réduit à néant des siècles de conquêtes sociales, en France et en Europe, à l'heure où la survie même de l'Humanité est menacée par un modèle économique entièrement tourné vers le profit pour une petite caste, la seule alternative politique et économique, le socialisme, n'est plus portée par aucune force politique en France.

En 2018, les communistes se réveillaient d'une longue léthargie et rejetaient les choix stratégiques qui ont mené le PCF au silence et à l'affaiblissement idéologique et militant.

Reconstruire le Parti communiste, redonner une vraie ligne politique à présenter aux travailleurs, tels sont les objectifs donnés au 39ème congrès par les communistes lors du Congrès de 2018 !

Avec l'annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2022, voilà que les tenants de l'ancienne ligne reviennent à la charge et tentent de revenir sur les décisions du précédent congrès en mettant comme question centrale du prochain congrès, voire en question unique, celle du choix ou non d'une candidature communiste en 2022 !

La peur d'un échec électoral et l'argument de la division de la gauche feront des dégâts. C'est couru d'avance !

Cependant, l'élection présidentielle a toujours été LA grande élection sous la Vème République, encore plus avec le passage au quinquennat et des élections législatives qui suivent désormais l'élection présidentielle.

Se réfugier, encore une fois, derrière un tribun certes brillant mais porteur des valeurs d'une gauche réformiste, c'est enterrer encore plus notre Histoire et le combat communiste que nous portons !

Ne nous trompons pas ! Le 39ème Congrès du PCF ne doit pas tourner autour de l'élection présidentielle, sujet purement tactique, mais sur la refonte du PCF, de son organisation et de son programme idéologique.

Vous trouverez ci-dessous l'analyse de Nicolas Maury, parue sur son blog.

Je partage son analyse et je tiens particulièrement à insister sur l'idée qu'il faut réorganiser le PCF pour tenir compte de sa perte d'influence au sein des classes populaires, de sa perte de statut de parti de masse depuis au moins 30 ans (500 000 adhérents en 1988, 70 000 aujourd'hui !). Le PCF doit redevenir un parti "d'avant-garde", c'est-à-dire le Parti d'une frange "éveillée" des classes populaires, éveillée à l'analyse marxiste des rapports de classes, qui doit aller à la conquête (à la reconquête) idéologique de la population, travailleurs en tête.

Eric RUIZ, militant depuis 1988

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La candidature d'un.e candidat.e issue des rangs du PCF a été acté lors du 38ème congrès du PCF. Revenir dessus sous quelques prétextes que ce soit serait une violation & une trahison des décisions actées par les communistes. La question est réglée.

Sauf qu'une minorité tente de rejouer le match et de faire du 39ème congrès du PCF, dont les travaux ont été lancé officiellement ce weekend, et faire du congrès une tribune centrée autour de la question du "pour ou contre une candidature du PCF pour les élections présidentielles de 2022".

Faire d'une tactique électorale une ligne stratégique conduirait le PCF dans le mur et accélérait son processus de disparition. C'est pourquoi il faut réaffirmer deux choses : La candidature communiste est actée depuis le 38ème congrès et le 39ème congrès doit être celui de la refonte du corpus idéologique & organisationnel.
 
L'enjeu du 39ème congrès est bien centré autour de la question du sauvetage du PCF

Et si on décidait de mettre les moyens pour sauver le Parti Communiste Français et pour enfin trouver une route révolutionnaire qui détruise le système capitaliste et ses aliénations ?

Notre modèle d'organisation politique, hérité des années 80-90 et institutionnalisé avec la mutation de Robert Hue, est en fin de vie du fait de trois facteurs :

1- L'abstention politique. Une grande partie du prolétariat (travailleurs-travailleuses, et une partie des couches populaires) et du lumpenprolétariat (couches populaires) ne se déplace plus pour voter.

2- L'absence d'organisation politique crédible pour tenir ce mode d'action. Les sections sont à bout de souffle (et mourantes dans de trop nombreux endroits), les cadres vieillissants, le Conseil national inactif, non représentatif du prolétariat et hors sol dans ses travaux.

3- La recherche d'une auto-organisation du prolétariat hors des partis politiques (gilets jaunes, collectif justice et vérité pour Adama ...). Les mots d'ordre de "l'unité", de "l'union de la gauche et des écologistes" ne parlent pas aux prolétaires et aux lumpenprolétaires, mais uniquement à une catégorie plus aisée (les petits bourgeois des villes), plus conscientisée (les militant.e.s).

Cette situation démontre que toutes les stratégies du PCF sont vouées à l'échec et qu'il faut réformer en profondeur nos campagnes, nos actions, nos stratégies et nos tactiques.
 
Construire une société nouvelle par un socialisme réel, scientifique et non utopique

L'étude des Partis communistes et ouvriers dans le monde est loin d'être inintéressant, ou folklorique. Il y a de nombreuses leçons à tirer et de nombreux exemples à souligner.

Le socialisme n'est ni une injonction, ni un mot du passé, ni un mot connoté. Le socialisme, étape vers le communisme, où phase inférieure de ce dernier, ne sera une réalité que si l'on acte la rupture avec le capitalisme et non son simple dépassement. Acter la transition socialiste permet de donner du contenu révolutionnaire et une perspective politique pour la construction d'une société communiste.

Demander des nationalisations, des socialisations d'entreprises où des moyens de production sans le socialisme serait une aberration. Faire croire qu'il existe du "communisme déjà là" est faux, c'est une dangereux mensonge colporté par les calomniateurs de la révolution socialiste.

Le socialisme est ce temps révolutionnaire où les structures de la société capitaliste et patriarcale sont détruits au profit d'un Etat (qui a vocation à disparaitre) qui crée les conditions de la construction d'une société sans classe, débarrassée de l'exploitation, de l'oppression, de l'aliénation, et de impérialisme, le communisme.

Il faut donc distinguer trois étapes dans nos actions :

- L'action de revendication à portée immédiate : Contre une loi, contre la fermeture d'une entreprise, soutien à des manifestations ...
- Le but politique ultime : La société que nous voulons, le communisme.
- L'action révolutionnaire pour parvenir au communisme : le socialisme.

Ainsi l'action socialisme-communisme prend tout son sens, permet de clarifier nos actions et de les liéer entres elles pour donner une cohérence idéologique à nos campagnes.

D'une bataille immédiate et/ou locale, nous amenons des propositions permettant à terme l'édification du communisme et pour se faire, le socialisme donne un schéma d'action, une méthode, trace une route.
 
Mais soyons clair, le Parti Communiste Français tel qu'il existe aujourd'hui n'a aucun avenir, il n'est ni un parti d'avant-garde, ni un parti de masse. Pour survivre il doit profondément revoir son organisation et ses buts politiques. Que faire ?

1- Dans le temps courts, le PCF doit acter une séries de mesures d'urgences

Il faut mettre le paquet sur le sauvetage des sections; Mettre le paquet sur la formation, la politique de cadre et leurs déploiements vers les lieux identifiés comme stratégiques; Réorienter le travail du Conseil national vers les questions essentielles;

Si aujourd'hui le PCF n'est ni un parti d'avant-garde, ni un parti de masse cela s'explique par des choix politiques et une attrition très forte de ses membres. Il est devenu un parti "classique" du système et un parti de notable, de retraités, de cadres de la fonction publique territoriale. Il ne représente plus le prolétariat et n'arrive pas à se faire entendre par ce dernier tellement les mots d'ordres mis en avant sont coupés des attentes réelles des gens.

2- Un parti d'avant garde plutôt qu'un parti de masse

Un autre facteur, inerrant à la société néolibérale actuelle, l'individualisme a pénétré les esprits et ne permet plus de justifier des organisations de masse. Aujourd'hui l'organisation politique est plus informelle (mouvements, collectifs thématiques ...) et centrée autour de petits groupes menant des campagnes d'agit-prop. Il serait illusoire de croire que le PCF peut redevenir une organisation de masse dans les conditions actuelles.

Il faut donc faire le choix du parti d'avant-garde qui agit avec une base militante conscientisée et formée aux pratiques révolutionnaires. Cela signifie de mettre un terme au modèle actuel, hors sol et électoraliste qui caractérise le PCF.

Les directions doivent être dirigées par d’authentiques militant.e.s révolutionnaires, issues du prolétariat, discipliné.e.s dans le cadre du centralisme démocratique. Il ne s'agit ni d'une retraite politique, ni d'une planque, ni d'un strapontin pour une carrière politique, ni d'une reconnaissance pour bons et loyaux services, mais d'un engagement pour un idéal et le parti qui le porte.

3- Revoir le fonctionnement interne

Vu la situation actuelle, les structures du parti son obsolètes et dépassées. Il faut donc revoir le fonctionnement interne autour d'une organisation de type "centralisme démocratique" et de mandats impératifs.

Une piste pour engager une réflexion : Et si la solution passait par le construction d'ilot de socialisme ?
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