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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

La transformation du PCF agite les débats

Solidaire
Plusieurs centaines de délégués ont tenté de cerner, à Tours, samedi, les différentes options à soumettre aux communistes au 34e Congrès, concernant l’existence de leur parti.

Tours (Indre-et-Loire), envoyé spécial.

Sortir du « consensus mou » et trancher au congrès par « un choix clair ». Samedi, à Tours, plusieurs centaines de communistes, délégués de leurs fédérations, ont exprimé majoritairement leur volonté de ne pas biaiser avec le débat sur les « transformations du PCF ». Mais il reste d’ici le congrès beaucoup de travail à accomplir pour parvenir à cerner les choix à soumettre aux 134 000 adhérents du PCF. « Nous sommes encore loin du compte. Nous avons besoin d’un bouillonnement d’idées beaucoup plus important. Cela demande d’associer plus de communistes, d’ouvrir ce débat à d’autres et d’oser, d’oser dire ce qu’on veut, d’oser innover », a dit Marie-George Buffet, à l’issue de cette troisième « rencontre nationale » préparatoire au 34e Congrès.

Pas d’« auto-dissolution »

Combien d’options sont-elles possibles ? Tous les délégués ne sont pas d’accord sur ce point. Quand Joëlle Greder, au nom de la direction nationale, en identifie quatre dans son introduction au débat sur les « structures » (retour aux « fondamentaux marxistes-léninistes », « novation du PCF », « autre force politique », ou « nouveau parti »), d’autres ne font pas le même compte. Pour Henri Malberg (Paris), il n’y a que « deux options, avec des variantes » autour de la question : « Lutte-t-on pour sortir le Parti communiste de l’ornière ? » Car, pour lui, « il n’existe pas d’autre force à l’heure actuelle ».

Isabelle Lorand (Hauts-de-Seine) estime aussi être en face d’un « choix binaire » : « Conserve-t-on la même structure, ou choisit-on de la dépasser ? », interroge-t-elle, en militante de la seconde option, qui n’est pas synonyme pour elle d’« autodissolution au congrès ».

Au fil des échanges, un accord minimal apparaît dans la salle, confirmant « l’attachement » commun au PCF exprimé dans le mandat de l’assemblée générale extraordinaire de décembre dernier. Tous souhaitent une évolution profonde du PCF, tout autant qu’ils repoussent sa suppression pure et simple. Les différentes options n’en continuent pas moins de s’exclure mutuellement. Pour Nicolas Marchand (Val-de-Marne), qui défend, avec Yves Dimicoli notamment, le choix d’une profonde « novation » du PCF plutôt que sa « dilution » dans une nouvelle organisation, « ce n’est pas le moment de reculer sur la perspective révolutionnaire » issue de « la matrice de Tours », où est né le Parti en 1920. Une vision que ne partage pas Bernard Calabuig (Val-d’Oise), pour qui « une rénovation dans le cadre existant ne portera pas ses fruits ». Il plaide pour « une rupture nette » avec « une certaine conception de la révolution complètement dépassée », débouchant sur la création d’une « maison commune de tous les communistes de ce pays ». Mais « les adhérents ne veulent pas d’un conglomérat de gauche », met en garde Bernard Lamirand (Oise). De son côté, un proche d’André Gerin (Rhône) plaide pour la mise en place d’un « comité de pilotage » pluraliste pour préparer le congrès. Des clivages qui illustrent un « problème de diagnostic » sur les difficultés que les communistes doivent surmonter, selon Pierre Laurent (Paris). « Notre parti doit être celui d’un rassemblement majoritaire en faveur d’un changement identifiable, mais nous n’arrivons pas à déverrouiller cette question dans notre peuple », explique-t-il.

Critiques des « tendances »

D’autres questions connexes font l’objet de débats : faut-il une direction du PCF représentative de « la diversité du parti », ou une direction « homogène », reflétant le choix d’orientation majoritaire des adhérents ? Beaucoup pensent que les deux ne sont pas forcément contradictoires, et pointent en filigrane le débat sur le rôle, plutôt que la composition, des directions. Ici aussi, les points de divergence, voire de mécontentement, ne manquent pas : est-il normal que des dirigeants s’affranchissent des décisions majoritaires, demandent certains, plaidant pour des « sanctions ». Et de critiquer un fonctionnement en « clans » ou en « tendances » non officiels, mais sans vouloir revenir pour autant au « centralisme » abandonné en 1994. Avec un souci partagé qui transcende les clivages : celui, omniprésent, de garantir la « souveraineté » des communistes.

Sébastien Crépel, "L'Humanité" du lundi 16 juin 2008

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