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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Selon Eric Woerth, il y aurait un bon et un mauvais déficit !

Andrée Oger
C'est un phénomène très politicien qui consiste à dire aujourd'hui le contraire de ce que l'on disait hier. A ce jeu, le gouvernement français fait fort actuellement !

Rappelez-vous ! C'était il  y a un an à peine, gouvernement, droite et médias prédisaient un avenir sombre à notre pays "rongé" par le déficit public. Il fallait réagir et réduire la voilure de l'Etat. En clair, supprimer des postes de fonctionnaires et réduire les dépenses budgétaires utiles.

En septembre 2007, François Fillon, déjà premier ministre, déclarait que la France était en "situation de faillite". Tout cela pour justifier un programme d'austérité économique.

Entre temps, la crise financière est passée par là. Les pompiers gouvernementaux de l'économie capitaliste ont eu beau arroser le feu financier de centaines de milliards d'euros d'argent public, l'économie s'est quand même effondrée, entrainant la plus grande crise qu'a connu le capitalisme depuis 1929.

Envolés les critères de Maastricht !

Et voilà maintenant que, parmi les indices économiques catastrophiques qui tombent chaque semaine en France, le gouvernement reconnait que le déficit public devrait atteindre "environ 140 milliards d'euros en 2009 et 2010" contre 42 milliards "seulement" en 2006 ! Cela représente "entre 7 et 7,5 % du PIB " soit plus du double des obligations budgétaires des états européens dans le cadre des accords de Maastricht !

Est-ce inquiétant ?

Selon le ministre du Budget, "le déficit est une arme contre la crise qui nous permettra d'en sortir au plus vite". Nous voilà rassurés.

Il y a un bon et un mauvais déficit, tel semble être le nouveau credo du gouvernement. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, l'affirmait déjà en début de mois. Le "déficit prescrit", disait-elle, est la conséquence des mesures de relance "que tous les experts" (OCDE, FMI, Commission européenne, etc.) ont préconisé. A contrario, le "déficit subi" est "celui que la France accumule depuis trente ans et auquel on doit s'attaquer dans le cadre de la meilleure gestion des dépenses publiques". Cherchez l'erreur !

Ce qui est inquiétant, c'est que ces fameux experts sont les mêmes qui, depuis des décennies, prônent des politiques ultralibérales avec déréglementation du marché du travail, privatisation des services publics, ouverture des frontières aux flux financiers et marchands, réduction des effectifs de fonctionnaires et .... réduction des déficits publics !

Face aux risques d'effondrement de l'économie mondiale, les orthodoxes du libéralisme ont sérieusement revu leurs dogmes économiques. Ce changement de stratégie ne se fait pas dans le but de protéger le niveau de vie des populations mais pour éviter que les bourses ne plongent définitivement si l'économie "réelle" connaissait une véritable panne.

Les orthodoxes du libéralisme prêts à sacrifier les populations sur l'autel du Capital

D'ailleurs, l'orthodoxie libérale reste en vigueur dans plusieurs domaines puisque nos représentants locaux du Grand Culte libéral ne jurent toujours que par les privatisations (La Poste,...), les suppressions de postes de fonctionnaires (en pleine montée du chômage !) et la casse de notre système de protection sociale (Réforme des Hôpitaux, retraites, Sécu).

En fait, la droite parle de "bon déficit" pour camoufler l'effondrement des finances de l'Etat, un effondrement dû en bonne partie à la chute des recettes liée à la récession et à l'accumulation de cadeaux fiscaux, de niches, d'allègements et d'injections financières en tous genres.

Ne nous inquiétons pas pour l'Etat ! Nos ministres et leurs conseillers ne sacrifieront pas la branche sur laquelle ils sont confortablement assis. Lorsque le déficit deviendra vraiment colossal, nos kadors de l'économie sauront nous expliquer qu'on ne peut pas continuer ainsi et que la société devra se passer de certains services publics, de quelques hôpitaux, d'écoles primaires,...

Pour assurer la survie du sytème capitaliste, l'Etat saura trouver dans vos poches l'argent nécessaire. Il utilisera les mêmes armes que les entreprises privées : réduction des effectifs, augmentation des tarifs et diminution de la qualité des prestations.

C'est bien à cela que ça sert un déficit, non ?
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