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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

A la tête du G20, Nicolas Sarkozy relance l'arlésienne de la moralisation du capitalisme

Solidaire

"Les promesses n'engagent que ceux qui y croient". En parlant à nouveau de régulation et de moralisation du système, Nicolas Sarkozy ne fait que répéter des promesses qu'il a déjà faites il y a deux ans.

Notre omniprésident est au Nirvana : il vient de prendre la tête du G20.

Avec force roulements de tambours, voilà qu'il multiplie les déclarations fracassantes sur son ambitieux programme à la tête du G20, regroupement des vingt plus grandes puissances économiques mondiales. Monnaies, flux financiers, régulation, taxation, protection sociale,... voilà Nicolas Sarkozy parti dans un discours en apparence très protecteur. Il serait crédible si ses choix politiques en France allaient dans le même sens et si on avait vu ne serait-ce que l'émergence d'une piste de solution sur la fameuse "moralisation du capitalisme" qu'on nous annonce depuis le krach de 2008 !

Parmi tous ses propos, il affirme que "si le G20 veut rester légitime, il doit ouvrir des chantiers de fond". Première question : le G20 est-il légitime a décidé de la politique mondiale au nom des 192 nations membres de l'ONU ? Il s'agit là d'un préalable inquiétant, une sorte de Yalta économique qui permet aux grandes puissances de décider selon leurs intérêts du sort de l'ensemble des nations.

Grand chantier annoncé, celui de la réforme du système monétaire international. Là aussi, avec des chefs d'état qui défendent d'abord les intérêts financiers de leurs grandes entreprises, il s'agit là d'un vœu pieu. On sait pertinement que les américains, depuis des décennies, se servent du dollar pour exporter leur dette, que les chinois s'appuient sur le yuan pour favoriser la compétitivité à l'export de leurs entreprises et que les européens, avec l'euro, visent avant tout la rentabilité financière des capitaux boursiers. Allez mettre ces trois là d'accord pour commencer !

Et on aimerait savoir quels sont les objectifs de cette réforme du système monétaire mondial ? Si on regarde l'exemple de l'Europe et de la France, le but de la politique monétaire est en premier lieu de brider les salaires et l'inflation pour permettre aux capitaux d'atteindre des niveaux de rentabilité extraordinaires. On imagine ce que donnerait l'application de ce mécanisme au niveau mondial !

L'argent, base du capitalisme est le nerf de la guerre. La mondialisation libérale entamée depuis les années 80 (Reagan et Thatcher) a eu pour crédo la libre circulation des capitaux et des biens afin de permettre aux capitalistes de déplacer leur argent et leurs productions là où la rentabilité est la meilleure. Cette possibilité pour les capitaux de circuler librement a entrainé cette compétition actuelle entre pays à qui aura la main d'oeuvre la moins chère, la réglementation la plus légère, les impôts sur les capitaux les plus bas,...

Aujourd'hui, Sarkozy annonce que les chefs d'état étrangers et lui  "proposeront au G20 d'élaborer un code de conduite en matière de gestion des flux de capitaux et, à terme, la conviction de la France, c'est qu'une réforme des statuts du FMI est souhaitable pour que prévalent des règles communes".

Un code de conduite ? Le retour de la moralisation du capitalisme financier. Autant évangéliser des requins !

Le FMI ? Depuis sa création, le Fond Monétaire International est l'agent de la libéralisation économique et pousse les états du Tiers-Monde à privatiser, à ouvrir leurs marchés, à briser les quelques mécanismes sociaux qu'ils avaient mis en place.

Et dernière question : qu'attend Sarkozy pour agir en France sur cette circulation des capitaux ? Son gouvernement et lui continuent d'aggraver un système fiscal qui permet aux plus riches d'échapper à l'impôt. Après ça, il peut annoncer qu'il est "favorable à une taxe sur les transactions financières" ! bla ! bla ! bla !

Autre priorité de Sarkozy, la régulation des prix agricoles pour éviter des plongées dangereuses pour les producteurs et des flambées dangereuses pour les consommateurs. Avec les risques de pénuries et d'émeutes de la faim que l'on a connu et que l'on connait.

Là encore, la contradiction est flagrante entre un discours "régulateur" et des décisions contraires au niveau mondial (accords de l'OMC), au niveau européen (une réforme libérale de la Politique Agricole Commune est en préparation pour 2013) ou au niveau français (Lois LME et LRE dites "Lois Leclerc").

Le comble du cynisme est venu avec sa prise de position concernant  "la mise en place d'un socle de protection sociale universel". Venant d'un pourfendeur de la Sécu, du régime des retraites, du régime des chômeurs et de l'hôptal public comme lui, la déclaration fait mal aux oreilles ! Qui en France peut être dupe de ses propos à part des journalistes qui relatent ses propos sans y mettre une once de doute ?

"Docteur Jekyll et Mister Hyde" est une œuvre littéraire majeure. Mais il ne s'agit que de fiction.

C'est pourquoi il est difficile de croire que l'ultralibéral Sarkozy en France deviendrait le social-protecteur Sarkozy au niveau mondial.

Derrière un discours volontariste de Sarkozy à la tête du G20 se cache seulement une clique de financiers qui cherchent à faire durer un système capitaliste à bout de souffle, un système qui ne suscite plus ni espoir ni bienveillance auprès des peuples du monde entier. Les lendemains qui chantent sont annoncés mais cachent la réalité d'un capitalisme toujours plus inhumain et froid.

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