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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Bénéfices des entreprises : la démagogie des 1 000 euros

Solidaire

Partager les bénéfices des entreprises : voilà une revendication parfaitement légitime !

Sauf que, une fois de plus, la droite tord le sujet pour mieux le neutraliser. La revendication sociale devient ainsi un objet de propagande qui produira peut-être une loi qui, elle-même, n'aura aucun impact significatif sur le revenu des salariés. Par contre, cette annonce donnera l'illusion d'un virage social entrepris par le gouvernement de Sarkozy. Au moins jusqu'en mai 2012.

En effet, quand on se penche sur cette proposition de Sarkozy, les modalités d'application restent pour le moins douteuses. Xavier Bertrand précisait hier, au conditionnel, que cette mesure concernerait les entreprises dont les bénéfices PROGRESSENT, qu'il s'agirait d'une PRIME donnant droit à des EXONERATIONS FISCALES et que, même si elle est obligatoire, elle se négocierait PAR ENTREPRISE.

Voilà une proposition qu'elle est floue ! !...

Une entreprise dont les bénéfices sont importants mais ne progressent pas (?) ne serait pas tenue d'accorder cette prime. On connait les multiples techniques fiscales permettant aux entreprises de diminuer artificiellement leurs bénéfices : en transférant des charges d'une filiale à l'autre, en créant des provisions sur bénéfices,... Rien de plus simple !

D'autre part, le fait qu'il s'agisse d'une prime m'amène à deux commentaires : un, cette prime peut très bien sauter dès l'année prochaine ; deux, une prime n'entraine pas de gains pour les diverses caisses sociales dont nous bénéficions (Sécu, Retraites,...). Une augmentation de salaire serait nettement plus intéressante pour tous, à hauteur de la hausse des bénéfices ou des dividendes des actionnaires ?

Indiquer que des exonérations sociales seront octroyées aux entreprises, c'est nous prendre vraiment pour des billes !

Cette mesure est sensée obliger les entreprises qui font de gros bénéfices à partager une petite partie de cet argent avec les salariés. Or, si des exonérations de charges sont mises en place, l'Etat compensera ce que les entreprises donneront ! Résultat neutre pour les bénéfices des actionnaires mais nouveau manque à gagner pour les caisses de l'Etat donc... pour le contribuable. Ce sera donc nos impôts qui financeront ces primes ! On prendra dans la poche des salariés concernés l'argent qu'on leur reverse pendant que les entreprises s'en sortiront finalement sans rien débourser. De la poudre aux yeux !

Enfin, cette loi précisera que les négociations se feront par entreprise. Une nouvelle fois, c'en est fini de la négociation de branche ou de la négociation nationale. Comment se passeront les choses dans les boîtes nombreuses qui n'ont pas de syndicat ? Chaque entreprise pourra négocier un accord qui dira quoi ? En effet, si la règle est que les entreprises dont les bénéfices progressent doivent donner une prime de 1 000 euros à leurs salariés, pourquoi devrait-on négocier dans chaque entreprise ? A moins que les patrons n'obligent leurs salariés à des "compensations" du type suppression de RTT ou de pauses ?...

Plus globalement, cette loi ne résout pas la question des dizaines de milliers d'entreprises qui ne rémunèrent pas leurs actionnaires faute d'actionnaires comme les PME ou les entreprises artisanales.

Cette loi résout encore moins la situation des millions de fonctionnaires d'Etat, fonctionnaires de collectivités territoriales (Régions, départements, communes, intercommunalités) ou d'entreprises publiques.

De là à considérer comme démagogique cette proposition de proposition de loi, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement ! Il s'agit en effet d'une loi qui concernera un nombre finalement assez réduit de salariés, pour qui les bénéfices seront au mieux réduits par rapport aux enjeux économiques et aux sommes colossales en circulation et qui coûtera finalement plus aux caisses de l'Etat qu'aux caisses des entreprises.

Comme lors des grands cirques internationaux sur la moralisation du capitalisme, la droite française et son mentor Nicolas Sarkozy roulent des mécaniques en remuant du vent.

Si certains travailleurs comptent sur la mansuétude de cette droite au service de la finance pour retrouver un peu d'air et bénéficier des fruits de leur travail, ils se trompent douloureusement.

A nous de rappeler aux travailleurs le bilan de quatre ans de sarkozysme et de trente ans de libéralisme afin que le show social de la droite soit un bide.

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