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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Crise : réalités et bataille idéologique

Solidaire

Les communistes de la section de Béziers ont publié une brève et claire analyse des chiffres de la crise.

Pour beaucoup de travailleurs, la réalité quotidienne fait que les arguments sur la crise, sur les efforts à produire ou sur une baisse prochaine du chômage apparaissent douteux ou mensongers. Il s'agit souvent plus d'une perception (juste) que d'une réflexion argumentée, faute de données réelles en possession du simple citoyen.

C'est que les médias, les grands partis politiques (FN compris) et le patronat se gardent bien de faire connaître des chiffres officiels qui démontrent que l'austérité creuse la tombe de notre économie et que, si l'économie manque d'argent, c'est parce que les prélèvements des actionnaires et de la spéculation sur les comptes des entreprises ont connu une croissance énorme ces dernières décennies.

Des centaines de milliards d'euros sont ainsi retirés du circuit économique chaque année au profit des grandes fortunes. Autant d'argent en moins pour la recherche, l'investissement productif et... les salaires !

Une crise ou l'Europe et l'euro jouent un rôle majeur.

Solidaire


C’est la crise, il faut faire des efforts ".

Il n’y aurait d’autre chemin que celui de l’austérité... C’est le message multiquotidien envoyé en permanence au monde du travail, actifs et retraités. Or, une étude économique du mois de juin 2013 tord le cou à ces pseudos vérités :

Situation économique mondiale :

Avril 2013 :
- le FMI révise à la baisse ses prévisions de croissance : cela concerne surtout la zone euro

- le FMI parle d’une croissance à 3 vitesses :

  • croissance forte (pays émergents),
  • pays à croissance faible (USA),
  • croissance négative ou en décroissance (zone euro).

- Le FMI admet que la responsabilité de la situation dégradée de l’UE incombe, dans une très large mesure, aux politiques d’austérité. Les politiques d’austérité affaiblissent le potentiel de croissance économique et par là-même, les revenus et les rentrées fiscales, ce qui alourdit le déficit budgétaire et la dette publique (spirale sans fin).

Aujourd’hui, les banques européennes disposent d’énormes sommes en liquidité (estimées à 1.100 milliards d’euros) alors que les besoins de financements sont largement non satisfaits surtout en ce qui concerne les PME.

France : Compte de la nation (source INSEE) :

- En 2012, en euros constants, le produit intérieur brut (PIB) stagne, après avoir progressé de 1,7% en 2010 et de 2% en 2011 : Montant du PIB : 2 032 milliards d’euros.

Si l’économie française avait eu une croissance de 2% entre 2008 et 2012 (taux moyen sur les 2 dernières décennies), le montant du PIB serait supérieur de 180 milliards par rapport à la situation actuelle.

Si le taux de croissance était de 3%, le surplus du PIB serait de 280 milliards d’euros.

- La consommation des ménages baisse en 2012 de 0,4% en euros constants. C’est la baisse la plus importante depuis l’après-guerre. La consommation des ménages n’avait baissé qu’une seule fois, en 1993, de 0,20%...

Montant de la consommation des ménages : 1.130 milliards d’euros.

- Le pouvoir d’achat du revenu disponible diminue de 0,9%, c’est la plus forte baisse depuis 1984.

- Pour la première fois, les pensions des « jeunes retraités » (c’est-à-dire de ceux qui partent à la retraite) est inférieure à celle des générations précédentes.

- C’est une baisse du salaire socialisé (salaire-emploi-retraite) ; La masse salariale nette reçue par les ménages ralentit.

Sur l’emploi : (retraites)

Deux emplois nouveaux sur 3 sont à durée déterminée. L’ANI ne fait qu’aggraver la situation.

Un jeune occupe son premier emploi à 23 ans, et un emploi en CDI à 28 ans. C’est la baisse généralisée de toutes les retraites qui est à l’ordre du jour.

Sur l’investissement :

  • L’investissement diminue de 1,2%. Son niveau est inférieur de 7,5% à celui de 2007 (les investissements baissent, les dividendes augmentent). C’est un refus délibéré de croissance, de créations d’emploi, de satisfaction des besoins sociaux et non une fatalité.
  • La baisse de l’investissement concerne également les ménages (- 0,3%).
  • Il en est de même pour les administrations publiques (- 0,5%).

Taux de marges des entreprises :

- L’excédent brut d’exploitation (EBE = Valeur Ajoutée – masse salariale + impôts liés à la production) se contracte.

- Le taux de marge EBE/VA perd 0,8% par rapport à 2011.

Ce qui pose problème, ce n’est pas le travail, mais la rémunération exorbitante du capital.

Le patronat justifie ainsi ses politiques anti-salariales et anti-sociales. C’est un argument fallacieux, car : le taux de marge était de 23% en 1981, de 32% en 1989. Autrement dit, le taux de marge a augmenté de presque 10 points ; inversement, la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué d’autant.

La vraie question : qu’est-ce que les entreprises ont fait de ces marges ? Ont-elles créé des emplois ? Non ! Le chômage a augmenté !

Ont-elles augmenté les investissements ? La réponse est non. Le taux d’investissement (Investissement sur VA) n’a pas augmenté.

L’amélioration du taux de marge a donc profité principalement au actionnaires et aux propriétaires.

2012 par rapport à 1981 :

  • La part des dividendes versée aux actionnaires dans la Valeur ajoutée est passée de 5% en 1980 à 24% aujourd’hui. Depuis 10 ans, le montant des dividendes versés aux actionnaires dépasse celui des investissements.
  • Les rapports gouvernementaux « Approche de la compétitivité française », « Réinventer la croissance », font l’impasse sur 5 données de fond : les salaires, la consommation, la demande publique, les services publics, le financement.

Sans commentaires !

Si ce n’est pour préciser que les 500 plus grandes fortunes de France ont vu leurs revenus progresser de + de 25% en un an. Ces fortunes représentent l’équivalent du budget de l’Etat (330 milliards d’euros) et 16% du produit intérieur brut (PIB) qui est la totalité des richesses produites par les salariés en France chaque année.

Une des questions de fond n’est pas de ré-orienter la politique de l’Union Européenne. Dès l’origine, l’Union Européenne a été une construction du capital au service du capital. Les solutions à la crise, aux politiques austéritaires sont avant tout nationales, dans chaque pays. Ce n’est pas une conception « nationaliste » ou de repliement sur soi, mais au contraire, une conception de coopération entre états souverains mutuellement fructueuse pour les peuples, tous les peuples. Une conception politique libérée de l’exploitation capitaliste.

Question de fond qui est et sera de plus en plus d’actualité, et pas seulement d’un point de vue de la réflexion théorique, mais surtout dans ses conséquences et implications concrètes pour tous les peuples d’Europe.

Contrairement à ce que prétend le patronat et ses soutiens, les profits d’aujourd’hui ne sont pas les investissements de demain, ni les emplois d’après-demain. Les profits d’aujourd’hui font des profits de demain, et des super profits de lendemain.

Pour sortir de la crise, il faut valoriser le travail :

- créer des emplois stables et les sécuriser,

- augmenter salaires, pensions et minima sociaux,

- améliorer l’organisation et les conditions de travail,

- établir une sécurité sociale professionnelle,

- augmenter l’investissement par la formation professionnelle des salariés, par la recherche et le développement.

Robert Auzeby, section de Béziers du PCF

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