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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Grèce, Italie : on change les têtes mais pas la politique !

Solidaire

Deux dirigeants européens chutent à la demande de l'Union impériale européenne et sont remplacés par des technocrates : des proconsuls en charge de la sale besogne contre les peuples italiens et grecs.

Salade grecque

La tentative de Papandréou, le premier ministre grec, de sauver sa tête en organisant un référendum aura fait long feu. Si l'opposition populaire, menée par les communistes, n'y était pas favorable, c'est d'abord la pression étrangère qui aura fait reculer le premier ministre grec, celle de Sarkozy et de Merkel en premier. Faut dire que le résultat n'était pas assuré en faveur du plan de super austérité imposé aux grecs pour sauver les financiers et l'euro ! On sait que nos gouvernements ne font que peu de cas de l'avis de leurs peuples : les irlandais, obligés de voter deux fois sur le Traité Constitutionnel Européen et les français, dont le vote a été trahi par la droite, en savent quelque chose !

Le premier ministre grec a donc démissionné.

Il a été remplacé par un premier ministre "d'union nationale". Par là, il faut comprendre qu'il est soutenu autant par les socialistes du PASOK que par la droite de la Nouvelle Démocratie. Accessoirement, le parti néo-fasciste LA.OS le soutient également, ce qui démontre au passage que l'extrême-droite fait bien partie intégrante de la classe politique au service de la bourgeoisie. Dans la même veine, les Verts grecs sont aussi du côté de ce gouvernement.

Ne restent que les communistes du KKE et les progressistes de Synaspismos pour refuser de cautionner ce changement de tête au gouvernement grec. A ce titre, c'est bien à de nouvelles élections qu'appellent les communistes grecs, pour permettre au peuple souverain de choisir librement le gouvernement qui doit diriger le pays dans la période actuelle. Il est à craindre, pour l'Europe et le Capital que les grecs refusent l'austérité et suivent la proposition du KKE de sortie de l'Union européenne (lire la déclaration ci-dessous). Ceci explique certainement la création de cette grande coalition du "Front noir", comme l'appellent les communistes, regroupant les partis bourgeois avec le soutien de l'Union européenne et des milieux financiers.

En tout cas, le nouveau premier ministre a déjà annoncé qu'il poursuivra la politique de "réformes" lancée par Papandréou : changement de capitaine mais pas de changement de cap !

Comédie à l'italienne

De l'autre côté des Alpes, le multimilliardaire fascisant et obsédé du sexe Berlusconi a connu (enfin !) sa première grande déroute. Sa démission tient au fait de l'usure jusqu'à la corde de son pouvoir, avec la succession de scandales (sexuels et autres), et l'arrivée de l'austérité renforcée en Italie : il fallait trouver un nouveau dirigeant pour imposer les réformes antisociales planifiées par l'Europe pour le compte des marchés !

C'est donc un technocrate qui devrait être à la retraite (68 ans) qui prend les rênes de l'Italie. Mario Monti est un rouage modèle du libéralisme européen, lui qui fut commissaire européen et qui prône l'économie libérale dans une université romaine. Là aussi, la couleur est annoncée : Mario Monti s'est fixé pour objectif d' "assainir la situation financière et de reprendre le chemin de la croissance tout en restant attentif à l'équité sociale". Un beau discours dont il faut surtout retenir qu'il s'inscrit d'abord dans l'idéologie dominante de nécessité de réduire la dette. De quoi plaire aux marchés !

Politiquement, comme en Grèce, la droite berlusconienne du Peuple de la Liberté (PDL) et la sociale-démocratie du Parti Démocrate (PD) se sont engagés à soutenir le futur gouvernement, si "les engagements pris avec l'Europe restent le contenu essentiel du programme de gouvernement" comme le précise le chef du PDL.

Comme en Grèce, c'est bien une union nationale des partis au service du capital qui prend en charge la tâche d'imposer au peuple italien une régression sociale sans précédent au profit des intérêts financiers et des classes favorisées.

Dans un communiqué commun, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président de l'UE Herman Van Rompuy ont souligné que la désignation de Mario Monti "envoie un nouveau message encourageant (montrant) la détermination des autorités italiennes à surmonter la crise" et que "la commission continuera à surveiller l'application des mesures prises par l'Italie pour mener des politiques favorisant la croissance et l'emploi". Une façon de reconnaître que le gouvernement italien passe sous la tutelle de la Commission européenne.

Rien de tel qu'un simple technocrate pour appliquer des consignes venues d'en haut ! Le monde de l'entreprise connait le même phénomène avec la mondialisation : la patron, personne ne le connait ! C'est le DG qui applique les exigences des actionnaires !...

A ceux qui croient que grecs et italiens sont responsables en quoi que ce soit de la situation désastreuse de leurs finances publiques, je les invite à se souvenir qu'en 2008, dans ces pays comme en France et partout en Europe, des milliers de milliards d'euros ont été versés sans garanties aucunes de la part des états en faveur de banques privées menacées par le tourbillon d'un krach financier dont elles étaient la cause.

Et, cette simple réflexion : que se passera t-il lorsque le marché grec et italien du travail sera devenu tellement compétitif de par la baisse des salaires et l'effondrement des protections sociales que nos entreprises délocaliseront là-bas ? Ne verra t-on pas apparaître un discours déjà connu sur le manque de compétitivité du salarié français ?

En Grèce comme en Italie, c'est simplement des changements de personnes qui ont eu lieu, en aucun cas des changements de choix politiques.

Les pays de l'Union européenne connaissent, les uns après les autres, la mise en place de plans d'austérité qui se durcissent mois après mois. On en voit les conséquences en Grèce avec une régression sociale historique qui ramène au 21ème siècle des phénomènes de misère et d'exode que l'on n'avait pas connu en Europe depuis les années 1920.

Le capitalisme est bien la fin de l'Histoire, comme le vantaient certains libéraux après la chute de l'Union soviétique. C'est la fin de l'histoire pour nos civilisations, pour le progrès sociale, le développement économique, l'environnement et l'avenir de nos enfants.

Il est grand temps de tirer un trait sur ce modèle économique qui nous entraine vers le chaos et la misère pour revenir vers un modèle social qui remette l'Homme au centre des choix, un modèle où les entreprises vitales appartiennent à la Nation, où les travailleurs peuvent décider de l'avenir de leur entreprise. Comme en Grèce, dans notre pays, seuls les communistes et leurs partenaires du Front de gauche vous proposent de sortir de ce modèle en crise pour en construire un nouveau.

La question est : faut-il rester sur le Titanic tant que l'orchestre joue et regarder les riches prendre les seuls canots de sauvetage ou changer de capitaine avant que le bateau France ne heurte l'iceberg de la débâcle capitaliste ?


Déclaration du Comité Central du Parti communiste de Grèce (KKE) à propos du gouvernement de coalition PASOK – Nouvelle Démocratie – LA.OS.
Le formation du gouvernement du front noir répond aux attentes de l'Union européenne, des banquiers, de l’Association des industriels et d'autres parties des monopoles. Participent au front noir les provocateurs du LA.OS qui sont les descendants idéologiques du dictateur Metaxas et des tortionnaires de Makronissos [île où ont été déportés et torturés des dizaines de milliers de communistes et progressistes, ndlr]. Cela confirme une fois de plus que la social-démocratie et les bourgeois libéraux sont alliés avec l’extrême droite, qui fait partie du système politique bourgeois.
Il faut constituer un front populaire pour affronter le gouvernement du front noir, les monopoles et leur pouvoir. Il n’y a pas un jour à perdre. A l’action dès maintenant, contre-attaque populaire. La lutte de classe doit se mener sur chaque lieu de travail et dans les quartiers, contre la suppression des conventions collectives, pour la protection des chômeurs, des salaires et des retraites, contre les licenciements et d’autres dangers. Lutte pour la libération de l'Union européenne par le pouvoir populaire qui annulera unilatéralement la dette. Le peuple va rendre la vie difficile au gouvernement qui veut liquider des droits du peuple ; il va le renverser, exiger des élections immédiates. Faites passer ce message aux travailleurs, surtout ceux qui suivent le PASOK et la ND : leurs masques sont tombés, il faut les quitter et rejoindre le KKE dans les luttes et dans les urnes.
Le prétexte de ce prétendu gouvernement d'union nationale est une condition préalable pour sauver le pays et accorder la sixième dose, ce qui prouve que le succès des mesures précédentes pour les banques est un mensonge. Cela prouve l’hypocrisie du banquier Papademos [1er ministre, ndlr].
Le gouvernement du front noir veut sauver la ploutocratie et mettre totalement en faillite la classe ouvrière et les couches populaires. Indépendamment de la durée de ce nouveau gouvernement de la ploutocratie, des mesures seront prises pour 10-15 ans, avec un nouveau memorandum en vue qui n’aura rien à envier à la barbarie du gouvernement du PASOK que nous avons eu jusqu’à présent.
La crise dans la zone euro s’approfondit. Le 27 octobre a été décidé l'effondrement contrôlé de la Grèce, mais la faillite incontrôlée est possible. Ils vont essayer d’imposer cette politique capitaliste par la terreur idéologique, par la répression, par la culture de faux espoirs et par la propagande noire des médias. Ils craignent le peuple et croient qu'ils peuvent le mettre à genoux. Ils craignent le pouvoir du peuple qui existe quand le peuple s'organise et agit avec conscience. La classe ouvrière et les couches populaires doit utiliser la crise, les difficultés des partis bourgeois, les contradictions inter-impérialistes au sein de l'UE en général et les aiguiser. Il faut leur déclarer la guerre à la guerre qu'ils font.
Relevons la tête! »
Source : Rizospastis, 12 novembre 2011
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