International : au delà des révolutions arabes, de grandes mobilisations sociales touchent le monde

A juste titre, l'actualité internationale se concentre sur les événements qui affectent nos voisins de la rive sud de la Méditerranée. Mais ce sont de nombreux pays qui vivent actuellement des mobilisations sociales majeures.

Après la Tunisie et l'Egypte, c'est au tour de la Lybie d'être au centre de l'actualité médiatique. L'année 2011 semble être un tournant historique avec la chute en dominos de régimes dictatoriaux vieux de 20 à 30 ans aux portes de l'Europe. Au delà des trois pays cités, n'oublions pas les fortes mobilisations en cours au Yémen, à Bahreïn, en Algérie ou au Maroc. En dehors de la Lybie, tous les autres régimes en jeu étaient jusque là des alliés des occidentaux, intégrés dans le jeu de la mondialisation marchande de la planète. C'est l'appauvrissement généralisé de ces peuples et la désespérance de la jeunesse arabe qui est à l'origine des révoltes dans ces pays.

La question dans ces pays est désormais de savoir si la révolution va mener à une simple alternance, comme le souhaitent les occidentaux, c'est-à-dire un simple changement de dirigeants sans changement de politique économique, ou si ces révolutions vont entrainer de réels bouleversements sociaux. Egypte et Tunisie sont aujourd'hui touchées par d'importantes grèves pour des revendications sociales importantes, signe des attentes populaires qui ne se limitent pas à une simple alternance. En Tunisie, le Front du 14 janver, partie prenante de la révolte populaire et qui regroupe partis marxistes et républicains progressistes, entend bien mener cette révolution à son terme.

Europe

Plus près de nous, dans un silence médiatique de cathédrale, le peuple grec continue de se battre contre le gigantesque plan de régression sociale mis en place par le gouvernement socialiste local, soutenu par la droite et l'extrême-droite, et prôné par le FMI de Strauss-Kahn.

Hier, une journée de grève générale en Grèce a paralysé l'ensemble de l'économie, public comme privé, à l'appel du syndicat de classe (le PAME) lié au PC grec (le KKE). Ce sont des dizaines de milliers de travailleurs, de paysans et d'artisans qui ont manifesté à  travers toute la Grèce. 72 cortèges étaient organisés.

En Islande, le pays est aussi en ébullition. Après le renversement du gouvernement lors du pic de la crise financière qu'a connu l'île, les islandais ont refusé à 92 % de payer aux Pays-Bas et à la Grande-Bretagne l'ardoise laissée par la faillite des banques spéculatives privées islandaises. Les courageux islandais ont, dans la foulée, renversés leur constitution et ont nommé 44 simples citoyens qui rédigent actuellement une constitution qui stipulera que la spéculation financière sur le dos du peuple est désormais interdite.

En Irlande, les élections de ce vendredi vont entrainer la déroute du parti au pouvoir, le Fine Gael (droite), crédité de 16 % seulement. Centristes et travaillistes devraient connaître une forte poussée comme nos camarades nationalistes de gauche du Sinn Fein. L'appauvrissement généralisé du peuple irlandais a mené à de fortes mobilisations mais l'absence de traditions syndicales et politiques radicales laisse peu de solutions politiques aux irlandais.

Inde

Bien qu'on en parle absolument pas dans les médias, l'Inde et son milliard d'habitants, c'est autre chose que le poulet tandorii et les castes. L'Inde, c'est aussi une rébellion marxiste (les naxalites) qui occupe de grands territoires du centre-est de l'Inde et deux grands partis communistes très puissants, contrôlant des états de la confédération indienne (Kérala, Bengale occidental,...).

L'Inde est aux prises elle aussi avec une inflation très forte notamment sur l'alimentation.

Les communistes indiens et leurs syndicats sont à l'origine de grandes mobilisations sociales qui ont affecté l'Inde le 23 février dernier avec une grande manifestation à New Delhi qui a réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants. En Inde comme au Bengladesh, les mobilisations sociales se succèdent depuis des mois pour obtenir des hausses de salaire et l'amélioration des conditions de travail.

Etats-Unis

Le temple du capitalisme est lui aussi touché par des mobilisations soclales.

Et c'est dans le confin des Etats-Unis, dans le Wisconsin que la tension sociale est la plus aigüe. Madison, capitale de cet état, a vu 70 000 travailleurs manifesté le 19 janvier dernier après une première manifestation de 50 000 personnes deux jours avant.

Les enseignants constituent le fer de lance de ce mouvement au point que la plupart des écoles ont dû fermer leurs portes. Pompiers et policiers sont également extrêmement mobilisés ainsi que bon nombre de salariés de l'industrie, métallurgistes ou électriciens.

A l'origine de cette mobilisation, un projet de loi défendu par le très conservateur gouverneur républicain de l'Etat contre les conventions collectives dans le public, les droits des syndicats et pour une forte hausse des cotisations sociales.

Ce mouvement pourrait concerner dans l'année d'autres états où cette loi risque d'être proposée. Le Wisconsin fait office de labo d'essai mais la riposte des travailleurs risque de refroidir l'ardeur des conservateurs républicains.

France

Pour finir sur une note locale, félicitons-nous des mouvements en cours en France et des quelques victoires enregistrées !

C'est le cas à Marseille où les postiers de Marseille 2 (centre-ville) viennent de mettre en échec leur direction après un conflit de 139 jours et un soutien populaire sans faille. La direction de La Poste est revenue sur les suppressions de tournées programmées et s'engage à remplacer tous les départs en retraite et personnels en congés.

C'est le cas dans les ports où la longue bataille des dockers pour la reconnaissance de la pénibilité du métier, promise par le gouvernement lors du conflit sur les retraites, était menacée à peine deux mois plus tard.

C'est aussi le cas des ex-Continental de Clairoix qui continuent, depuis 2009, a bataillé contre le groupe (bénéficiaire) pour faire valoir leurs droits ou des cheminots qui sont plus de 50 000 a avoir signé une pétition de la CGT, de l'UNSA et de Sud-Rail pour exiger plus que les 0,9 % d'augmentation salariale proposés par la direction.

Des pays arabes, un vent de révolte populaire s'étend de proches en proches mais le reste de la planète est aussi concerné par des mouvements sociaux forts.

La chappe de plomb médiatique est bien dure à briser pour qui veut savoir ce qu'il se passe à travers le Monde.