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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

La banalisation des idées du Front National ? Oui, à droite !

Solidaire

Un sondage TNS-Sofres sur le Front National suscite des cris de plaisirs dans les rangs de l'extrême droite. A nuancer.

On voudrait faire parler du Front National que l'on ne s'y prendrait pas autrement.

A l'heure où les difficultés s'accumulent sur le plan économique, que la France intervient militairement au Mali et soutien la rébellion islamiste en Syrie et que des débats politiciens animent l'Assemblée sur le mariage homosexuel, TNS-Sofres ne trouve rien de mieux que de produire un sondage sur le Front National et Marine Le Pen, à la demande du Monde, de France Info et de Canal +.

Et pourquoi un sondage sur le FN et pas sur l'UDI, le PCF ou le NPA ?

Il y a une différence entre la lecture des résultats de ce sondage et l'interprétation médiatique qui en est faite. Le résultat, c'est bien que ce sondage sert à faire la promotion de ce parti fasciste en voulant montrer une banalisation de ces idées.

Questions biaisées et interprétation à l'emporte-pièce des résultats

Que nous indique ce sondage ?

Ce sondage étudie en premier la perception des questions qui servent de chevaux de bataille au FN depuis des années puis la perception de Marine Le Pen et de la stratégie à tenir face au FN... à droite.

Ce qui est intéressant, c'est qu'aucune des grandes idées du FN ne progresse depuis 2000-2002 ! Il y a effectivement une remontée des opinions positives sur certaines de ces questions (le nombre d'immigrés, la justice trop molle,...) ces dernières années mais, sur le long terme (dix ans), c'est plutôt un recul.

Ainsi, 75 % des français considèrent aujourd'hui qu'il ne aut pas faire de différence entre un travailleur "français" et un travailleur immigré en situation régulière. Ils n'étaient que 51 % à penser la même chose en 1991 ! on ne peut pas honnêtement parler de progrès des idées FN sur ce point tout de même !...

62 % des français continuent de se positionner plutôt en désaccord avec les idées du FN et 53 % considèrent toujours le FN comme un danger pour la démocratie. En baisse tous les deux mais pas à des niveaux historiquement bas.

D'ailleurs, seuls 11 % des français interrogés affirment partagés à la fois le constat et les solutions proposées par le FN. On est loin d'un ras de marée ! 47 % refusent les deux, 33 % partagent le constat et pas les solutions et 9 % sont sans avis sur ce sujet.

C'est d'ailleurs là que le sondage est biaisé !

TNS-Sofres titre "le niveau d'adhésion aux idées du FN" mais la question posée est "en ce qui concerne Marine Le Pen, laquelle des propositions suivantes se rapproche le plus de ce que vous pensez ?". En clair, cette année, la question à changer et c'est bien la perception des positions prises par Marine Le Pen qui est sondée et non plus les positions du FN ! On sait bien le décalage, le biais, que cela induit !

On a d'ailleurs vu à quel point le discours (pas forcément les idées...) pouvait être différent entre la leader du parti et celui-ci sur la question du mariage homo.

D'ailleurs, à aucun moment, le sondage ne pose clairement la question du soutien direct au FN.

Les interprétations du sondage font ainsi la part belle à l'idée que les idées FN progressent, sans remettre les questions dans leur durée, ni préciser que le sondage axe énormément sur la personnalité charismatique de Marine Le Pen plus que sur le FN.

Il est d'ailleurs curieux que personne, à commencer par TNS-SOFRES, ne remarque la contradiction entre ces conclusions positives sur le FN et un sondage publié par... le même institut de sondage pour le Figaro ce mois-ci sur la côte de popularité des personnalités politiques françaises et donnant Marine Le Pen en baisse de 4 points (27 % de oui) à la question de savoir si les sondés souhaitent lui voir jouer un rôle important dans les mois et années à venir !

Un soutien au FN... à droite

Au passage, ceux qui croient, comme l'affirme la dynastie Le Pen, qu'il faut arrêter de classer ce mouvement à l'extrême-droite devraient se poser la question de savoir pourquoi les idées frontistes sont toujours nettement mieux perçues dans l'électorat de droite que dans l'électorat de gauche : c'est peut-être parce que ce sont des idées de droite, non ?

Car, ce que révèle ce sondage, c'est bien que les idées et la banalisation du Front National gagnent par la droite.

D'ailleurs, 50 % des sympathisants de droite (FN, UMP, centristes) admettent l'idée d'alliances droite - FN tandis que 66 % des électeurs de gauche voient toujours d'un mauavais œil un rapprochement droite - FN.

De même, 61 % des électeurs de gauche voient Marine Le Pen comme une représentante d'une extrême-droite nationaliste et xénophone alors que les électeurs de l'UMP ne sont que 45 % à l'affirmer et 46 % la qualifie même de représentante d'une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles.

C'est dingue !

"Patriote" l'extrême-droite française ? Ils étaient plutôt côté des allemands les prédecesseurs d'extrême-droite de Marine Le Pen entre 1939 et 1945 ! Les patriotes, c'étaient plutôt les communistes avec le Colonel Fabien, Rol-Tanguy, le "Front national" (de la résistance : le FN a piqué le nom !) !

"Attachée aux valeurs traditionelles" l'extrême-droite ? Pas celles de la France en tout cas, celle de la Révolution, de Liberté-Egalité-Fraternité, des Droits de l'Homme et du siècle des Lumières. Encore moins des valeurs traditionnelles de laïcité !

Crise politique et dérive UMP

Même si les choses ne sont pas aussi simples que le répêtent les médias, une chose est quand même sûre : il y a effectivement une meilleure perception du FN aujourd'hui qu'il y a quelques années.

Mais qu'est-ce qui participe de cette banalisation grandissante d'un parti qui prône pourtant la division et la haine ?

D'une part, la nouvelle égérie du parti a donné un ton toujours offensif mais volontairement plus social. En période de crise sociale et sociétale (comme maintenant), ce discours faussement social accolé à une dénonciation du milieu politique fait mouche.

auf que, jamais le FN ne dénonce le monde économique, le modèle de développement capitaliste, pourtant à la base de la crise ! L'extrême-droite détourne la cause de la crise, la mondialisation capitaliste, pour n'aborder qu'une conséquence de cette mondialisation (la concurrence entre travailleurs du monde entier) et montrer du doigt une partie des victimes de ce système (les travailleurs étrangers, surtout les "migrants" poussés à quitter leur pays pour aller vers le faux Eldorado occidental).

C'est aussi avec un discours faussement ouvriériste que le Parti nazi a conquis ses entrées dans le monde ouvrier allemand dans les années 30, après avoir conquis les milieux d'affaires (Nazi = National-SOCIALISTE !).

Bien que jouant la carte de la "nouveauté", le FN est un parti qui est présent depuis longtemps dans le paysage politique français (depuis 1983 pour ses premiers "bons" résultats). Sa présence est à la fois habituelle (ce qui rassure) et faussement embarrassante pour la classe politique française (ce qui plait à des électeurs désabusés).

A cela s'ajoute la dérive de la droite traditionnelle française, sous les assauts répêtés d'une frange dure de l'UMP et de la course aux thèses du FN menées par Sarkozy, Copé et consorts ces cinq dernières années. Pas étonnant que l'on voit désormais une partie de l'électorat UMP soutenir l'idée d'accords électoraux locaux (38 %) ou nationaux (7 %) avec le FN pour les municipales !

Le communisme : remède contre la peste brune

Alors, au final, comment considérer ce sondage, et, plus généralement, que faire face au FN ?

S'il est sûr que l'extrême-droite a vu ses idées réapparaître en France comme ailleurs en Europe quarante ans parès la Seconde guerre mondiale avec l'approfondissement de la crise capitaliste, ses idées conquièrent des esprits au sein d'un électorat populaire ou de droite alors que les partis traditionnels, tellement engagés dans la cogestion du système capitaliste, sont devenus incapables de proposer des sorties à une crise qui est celle du système lui-même.

La solution pour combattre le péril brun, c'est un retour des valeurs solidaires et anticapitalistes portées par un mouvement communiste qui s'est affaibli dans les années 80 et 90 sous le double coup d'une politique d'alliance électorale par en haut (l'Union de la gauche, la gauche plurielle) et des campagnes anti-communistes menées lors de la chute des pays socialistes.

Renouer avec le terrain, réaffirmer nos valeurs et notre espoir d'une société nouvelle, socialiste, porter haut et fort la nécessité d'un Front populaire moderne avec des solutions concrètes et immédiates, voilà ce qui permettrait de rompre avec la dynamique pessimiste et autodestructrice qui traverse actuellement le peuple français et de renouer, à l'inverse, avec une dynamique positive, populaire, rassembleuse, pour de nouvelels conquêtes sociales.

C'est d'autant plus possible aujourd'hui que 32 % des français affirmaient avoir une bonne image du PCF le 29 août dernier, dans un sondage IFOP pour le Figaro magazine (!). Un résultat en net progrès depuis deux ans !

C'est aux communistes et à leur parti d'impulser cette dynamique. La balle est dans notre camp.

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