Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Madrid : les contrôleurs aériens cessent leur grève sous la menace des armes

Solidaire

France 2 hier soir. L'homme-tronc d'astreinte hier soir annonce avec un certain soulagement que la grève des contrôleurs aériens espagnols a été suspendue et que les voyageurs, les pauvres, vont enfin pouvoir reprendre leur voyage. Un commentaire qui rappelle ceux des médias lorsque le gouvernement français réquisitionna les personnels des raffineries pour briser une grève emblématique.

Quand les médias cautionnent des méthodes antidémocratiques de gestion des luttes sociales, la dictature n'est vraiment plus loin !

L'armée contre les contrôleurs aériens

Ainsi, l'Espagne en a fini avec une grève spontanée des contrôleurs aériens. Les compagnies aériennes soufflent et les quelques milliers de touristes étrangers de passage en Espagne vont pouvoir retourner chez eux.

Tout le monde souffle. Tout le monde sauf la sécurité aérienne et la démocratie.

Côté sécurité, la grève des contrôleurs aériens a été déclenchée par une décision unilatérale du gouvernement concernant le temps de travail des contrôleurs aériens. Le gouvernement veut en effet allonger leur durée de travail de plusieurs heures par semaine et supprimer des temps de pause quotidien...sans compensation salariale, cela va sans dire. Or, le contrôle aérien nécessite une très forte attention, chaque contrôleur devant surveiller des dizaines d'avions et tenir compte des problèmes météo et du traffic aérien. Augmenter leur temps de travail et supprimer des pauses, c'est créer les conditions de futurs incidents. Au minimum.

Côté démocratie, le gouvernement socialiste de Jose-Luis Zapatero a promulgué "l'état d'alerte" pour casser cette grève. Or, cet état d'alerte n'avait pas été promulgué depuis 1975 soit à l'époque de la dictature fasciste de Franco ! Aucune raison ne justifiait cette alerte, ni sur le plan de la sécurité intérieure, ni au niveau sanitaire ou en terme d'approvisionnement du pays en denrées essentielles comme l'y autorise la Constitution espagnole.

L'usage de l'état d'alerte en Espagne correspond clairement à un coup de force contre les droits démocratiques des travailleurs espagnols.

Pour ajouter encore plus au cliché antidémocratique de cette mesure, ce sont des militaires qui ont raccompagné les contrôleurs à leur poste de travail et sont restés armes à la main à leur côté pour les forcer à reprendre le travail !

Manque plus que l'Eglise catholique et l'Espagne retrouvera ainsi la panoplie complète de ce qui a fait le "succès" du franquisme pendant 40 ans. Et ce sont des socialistes qui font ça ! Chapeau !

En France : réquisitions et LOOPSI

Côté France, depuis les lois sur le service minimum, les régressions démocratiques sur les droits des travailleurs s'accumulent. En dehors des atteintes directes à la justice prud'hommale, à l'occasion de la réforme de la Justice, est venue s'ajouter la réquisition des personnels des raffineries lors du mouvement sur les retraites. Une mesure pour la "sécurité nationale" absolument indéfendable et antidémocratique.

Cela aurait dû augmenter la colère des travailleurs français mais l'overdose d'émissions télévisées débiles a dû diminuer la réactivité des esprits...

A cela s'ajoute la Loi LOOPSI actuellement en débat à l'Assemblée nationale et qui constitue elle aussi une importante régression démocratique en France.

Sur ce sujet, je cède la parole à Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la Magistrature qui déclarait dans "L'Humanité" du 3 décembre que le " projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2), (...) offre un condensé 
de l’idéologie primaire et dangereuse gouvernant depuis plusieurs années le traitement des questions de « sécurité ». En fait de « performance », 
ses promoteurs renouvellent l’exploit de concilier l’inutile et l’inacceptable, l’absurde et l’injuste : généralisation 
de la vidéosurveillance, extension 
du fichage, augmentation des pouvoirs de la police municipale, création d’une milice baptisée « réserve civile », filtrage policier des sites Internet, dépistages contraints, évacuation administrative en 48 heures et destruction des habitations précaires, extension des peines planchers, couvre-feu pour les mineurs de treize ans, création d’un délit de vente à la sauvette, 
instauration d’une forme de comparution immédiate devant 
le tribunal pour enfants... La liste serait trop longue. Pour en savoir plus, on peut revoir Brazil (1) ou se rendre sur le blog du collectif Liberté-Égalité-Justice (http://clej.blog.free.fr/), à l’origine d’un appel signé par 65 organisations. 
"

En ces temps de crise du capitalisme, le pouvoir vérouille le système pour éviter toute contestation de la part des travailleurs et pour permettre la dérive vers un système politique plus coercitif permettant à l'oligarchie capitaliste d'accroître un peu plus son contrôle sur le peuple et sur les richesses qu'il produit.

Ces temps que nous vivons illustrent ce que Marx disait de l'Etat, un organe au service de la classe sociale dominante. L'exemple des socialistes grecs et espagnols illustre à merveille l'impossibilité de réformer ce système de l'intérieur sans défendre préalablement l'objectif révolutionnaire qu'est son renversement en même temps que le renversement du capitalisme pour mettre en place un autre état et un autre système, au service des travailleurs ceux-là.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires