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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Quand Pierre Moscovici et le gouvernement renoncent à encadrer les salaires des patrons

Solidaire

Le projet de loi tant annoncé sur l'encadrement des salaires des patrons est finalement abandonné.

On allait voir ce qu'on allait voir !... Et flop ! Tout le monde se déballonne !...

Annoncé à grand renfort de trompettes, le projet de loi gouvernemental qui devait encadrer les salaires des grands patrons est mort et enterré. C'est le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, qui lui a donné le coup de grâce.

Pour lui, il faut faire confiance à la "morale" des patrons et il compte sur le code de gouvernance instauré en 2008 par le MEDEF pour éviter les dérives.

La "morale" des patrons ? Celle qui a amené les 40 patrons des entreprises composant le CAC 40 a s'attribué des hausses de rémunérations de 24 % en moyenne en 2010 ? Au moment où la crise frappait durement les salariés et les PME !

La "morale" du PDG de la Société générale ? Celui qui vient d'obtenir une hausse de 75 % de son bonus, à 1 million d'euros, alors que la banque licencie des centaines de salariés et qu'elle bloque les salaires de ceux qui restent ?...

Ce qui gouverne la rétribution d'un PDG du CAC 40, ce n'est pas la situation économique française, même pas la croissance de l'emploi, des salaires et du confort des salariés de son entreprise ! Non ! Ce qui gouverne les revenus d'un grand patron, ce sont les bénéfices de l'entreprise !

Nous sommes en société capitaliste et c'est la rétribution du Capital, des actionnaires donc, qui mène l'économie des entreprises et non une quelconque morale qui s'appliquerait au contexte sociétal, au chômage, au pouvoir d'achat, ou même à l'environnement.

Si la "morale" gouvernait les affaires, il n'y aurait pas de licenciements boursiers, ni besoin de législation du travail pour protéger les salariés, ni même besoin de normes environnementales pour éviter des rejets toxiques dans l'environnement !

Cette vérité, le gouvernement la connait. C'est bien là dessus, d'ailleurs, que François Hollande a bâti sa campagne électorale de 2012, lui qui martelait dans son discours du Bourget que son "ennemi, c'est la finance" !

Tout cela, c'est fini !

Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que ce gouvernement change son fusil d'épaule et se range derrière le patronat : en septembre dernier, quatre mois après son arrivée aux affaires, le gouvernement socialiste-écologiste décidait de donner 20 milliards d'euros aux entreprises sous forme de crédits d'impôts.

L'abandon de la loi sur l'encadrement des salaires des patrons n'est donc pas surprenante. Elle est juste décevante pour des millions de salariés qui vivent dans l'angoisse de perdre leur emploi ou de ne pas pouvoir payer leurs factures ou leurs crédits à la fin du mois.

La phrase de François Hollande - candidat, "mon ennemi, c'est la finance !", est devenue vendredi, dans la bouche du strausskahnien Pierre Moscovici, "La finance joue un rôle crucial pour le développement de l’économie réelle, sans laquelle nos entreprises ne peuvent croître, pas plus qu’un champ de cultures ne peut croître sans eau".

En bon social-libéral, Moscovici oublie tout simplement que ce ne sont pas les capitaux qui créent les richesses mais les travailleurs ! D'ailleurs, la finance aujourd'hui spécule sur d'autres placements financiers, bien loin d'ailleurs des investissements productifs que tant de petites et moyennes entreprises ont du mal à trouver.

On pourrait aussi rappeler une célèbre comparaison "agricole" : "l'argent ne pousse pas dans les champs ! "

Il y a même désormais opposition entre une croissance financière exceptionnelle et une croissance économique en déroute : pendant que les richesses s'accumulent chez les possédants et dans les coffres des banques et des paradis fiscaux, chômage, précarité, misère et bas salaires gagnent du terrain partout en Europe et dans une tous les pays capitalistes.

La finance n'est pas l'eau qui irrigue le champs mais le criquet qui dévore la récolte !

Ce nouveau renoncement socialiste fait grincer des dents jusque dans les rangs du PS et certainement chez beaucoup d'électeurs socialistes et écologistes.

L'an passé, nous faisions campagne lors des Législatives pour renforcer le camp de la gauche combative. Le vote utile a malheureusement étouffé ce besoin d'une gauche qui ne renonce pas et qui obligerait le PS à tenir ses engagements.

Par nos campagnes de terrain, nos manifestations (comme le 3 mai au Sénat), nos meetings (vendredi 7 juin à Alizay) et nos candidats aux élections (municipales et européennes en 2014), nous tentons de porter le message d'une alternative possible au libéralisme.

C'est par la mobilisation sociale combinée à la mobilisation politique que nous réussirons à imposer une rupture politique avec ce vieux capitalisme qui n'arrive plus à satisfaire les besoins économiques et sociaux des peuples du monde. Alors, mobilisons-nous !

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