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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Santé : faut-il nationaliser les entreprises pharmaceutiques ?

Solidaire

Entre flambée des prix des médicaments quand ils ne sont plus remboursés et suppressions de postes, le secteur pharmaceutique est devenu extrêmemnt rentable. Au point que la recherche médicale ne l'intéresse plus.

C'est un article dans l'Humanité Dimanche de cette semaine qui m'a mis la puce à l'oreille. En page 38, l'hebdomadaire révèle que le laboratoire appartenant à l'Association française contre les myopathies, organisatrice du Téléthon, vient d'obtenir le droit de produire et commercialiser des médicaments contre les maladies rares.

Le laboratoire de l'AFM, Généthon BioProd, est situé à Evry, dans l'Essonne, et est spécialisé dans la recherche sur les technologies innovantes, notamment la thérapie génique, pour les 6 000 maladies rares recensées.

C'est que l'industrie pharmaceutique traditionnelle, privée, trouve peu d'intérêts à travailler sur ces maladies rares, pour la simple raison, comme leur nom l'indique, que leur rareté (moins d'un individu sur 2 000) ne permet pas un retour sur investissement apte à satisfaire les actionnaires.

Et oui ! Les pharmaciens d'aujourd'hui ne sont pas des philanthropes ! Ils ne sont pas là pour sauver l'humanité mais réaliser des bénéfices maximum.

Le cas du laboratoire Servier et du scandale du Médiator est là pour le montrer :  ce qui compte, c'est ce que rapporte les médicaments ! Alors, pensez donc ! Que voulez-vous que ces gestionnaires de fortunes fassent avec des gamins malades ?...

Dans notre département, quand on parle de l'industrie pharmaceutique et de sa motivation à multiplier les dividendes, on sait de quoi on parle : les licenciements dramatiques chez Glaxo à Evreux, la menace lourde qui pèse sur le site MSD d'Eragny-sur-Epte, aux portes de Gisors ou les licenciements successifs chez Sanofi démontrent que la rentabilité est devenue la seule boussolle qui gouverne ces groupes pharmaceutiques.

MSD, deuxième plus grand groupe mondial dans le domaine, veut fermer le site Gisorsien alors que celui-ci est spécialisé dans des produits à haute valeur ajoutée : antidiabétiques, traitements de la stérilité féminine,... mais cela ne suffit pas à faire le bonheur des actionnaires, semble t-il ?

Pour Sanofi, c'est toute la partie recherche qui s'effondre plans sociaux après plans sociaux. Or, la recherche est le moteur de l'avenir dans cette branche.

La recherche privée est donc en panne. Le gouvernement français, comme les gouvernements étrangers, tente bien d'alimenter le secteur privé en détournant les moyens des laboratoires de recherche publics, universitaires notamment, vers le privé, via des partenariats. Mais rien n'y fait : seuls les maladies "rentables" sont étudiées. Tant pis pour les autres !

On sait pourtant que nombre de maladies pourraient être vaincues à faible coûts par la vaccination, dans le Tiers-Monde notamment, ou que des maladies autrefois disparues réapparaissent en France, misère et destruction de la couverture sociale oblige...

Certains pays progressistes, comme l'Afrique du Sud, ont obtenu la possibilité de produire des médicaments génériques à bas prix, pour leurs populations, comme dans le cas du SIDA. En clair, ces traitements pourraient être beaucoup moins chers si l'Etat y mettait le nez.

Que ce soient de simples citoyens, déjà durement pénalisés par la crise, qui doivent financer la recherche médicale alors que quelques grosses multinationales du médicaments accumulent des dividendes énormes est en soit un gros problème.

La question se pose donc : si le secteur privé s'avère incapable de mener une activité de recherche au bénéfice de l'ensemble de la société, s'il préfère licencier et gonfler ses tarifs sur le dos de la Sécu et des patients, peut-être faudrait-il que l'Etat reprenne en main ce secteur vital, dans le sens premier du terme ?

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