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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

Tunisie : Le long processus de la révolution

Solidaire

La Révolution de Jasmin des tunisiens est confisquée actuellement par une clique islamiste au service des intérêts de la bourgeoisie tunisienne et des multinationales implantées dans ce pays. C'est le même processus qu'en Egypte ou, un peu différemment, en Libye.

L'islam politique occupe le champ politique que l'extrême-droite occupe en Occident : conservatisme social, propos violents et pseudo-révolutionnaires pour couvrir une répression des mouvements progressistes, partis laïcs nationalistes et communistes, syndicats,...

Ce n'est pas pour rien que la France a accueilli l'Ayatollah Khoméini durant des années avant de le laisser partir au moment de la Révolution iranienne (1979) : la féroce répression contre la gauche iranienne, notamment communiste, devait permettre aux puissances occidentales de protéger les intérêts de leurs multinationales, pétrolières notamment.

C'est également ce qui s'est passé en Afghanistan avec le soutien et l'armement des islamistes contre le gouvernement communiste et pro-soviétique de Najibullah. Les combattants de la liberté de l'époque, les moudjahiddins, ont donné naissance aux talibans et à Al Qaïda.

Avec l'Egypte et la Tunisie, l'occident pense avoir mis une chape de plomb sur les printemps arabes. N'oublions pas que la révolution russe ne s'est pas faite en une seule fois et s'est étalée sur toute l'année 1917 avant que la guerre civile, armée et soutenue par l'Angleterre et la France n'embrase le pays pour plusieurs années.

Les tunisiens progressistes, en tout cas, croient encore à une victoire possible du peuple sur l'oligarchie. C'est ce que montre cet article algérien.


Ce jeudi 9 août 2012, les habitants de Sidi Bouzid, la ville où la révolution avait démarré il y a un an et demi, ont manifesté pour réclamer un véritable changement. En effet, comme partout dans le pays, les motifs de grogne se sont accumulés : retards de paiement pour les ouvriers des « chantiers » — des vrais-faux emplois créés l’an dernier pour calmer l’impatience —, coupures répétées d’eau et d’électricité, pauvreté et chômage élevés…
Comme réponse à la manifestation, la police a réagi de la même façon qu’au temps du dictateur Ben Ali : avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Huit personnes ont été appréhendées, dont cinq membres du Parti tunisien des travailleurs (Ptt, anciennement PCOT). Indigné, Hamma Hammami, le président du Ptt, a déclaré à la presse que « la Garde nationale avait une liste de noms et faisait la chasse aux militants même chez eux, alors qu’ils n’étaient pas impliqués dans la manifestation ».
Ennahda, au service de qui ?
En réalité, Ennahda n’est pas un produit de la révolution, et il ne répond donc pas aux revendications portées par celle-ci. Le parti est surtout fort de l’appui des médias et de l’Occident, qui favorise cet islamisme modéré et ouvert aux exigences du « marché libre », face aux forces populaires qui réclament un changement radical de la société. Or, si le pays ne s’extrait pas de la logique de soumission aux intérêts des grands monopoles, aucune solution favorable à la population n’est possible.
Aussi, le processus de changement amorcé il y a un an et demi se poursuit. C’est ainsi que l’analysaient des dirigeants du mouvement, l’année passée : « La révolution n’en est encore qu’à ses débuts, elle exigera plusieurs grandes vagues de révoltes avant d’aboutir. Le peuple ne se laissera plus berner. Il n’a pas encore gagné une nouvelle société, loin de là. Mais il a gagné une conscience et une confiance dans ses propres forces qui sont garantes pour l’avenir de notre combat. »
C’est dans cette dynamique que le principal syndicat tunisien, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), le Front du 17 décembre et de nombreuses associations ont mené à Sidi Bouzid une grève générale le 14 août. Selon le porte-parole du Front du 17 décembre, Ali Kahouli, « la grève générale a été suivie à plus de 90 % ». Les manifestants réclamaient, entre autres, la libération d’une quarantaine de personnes arrêtées dans la région depuis les protestations de fin juillet. Les prisonniers ont finalement été libérés le soir du 14 août, sauf Kaïs Bouazizi. Ce jeune homme de 30 ans était l’un des organisateurs de la marche de Sidi Bouzid à Tunis et des occupations du siège du gouvernement début 2011. Bouazizi aurait été kidnappé par des agents cagoulés, alors qu’il était dans un café avec ses camarades.
Création d’un « Front populaire »
Le 12 août, un « Front populaire » a été créé. Il rassemble une douzaine de partis de l’opposition démocratique tunisienne, dont le Ptt, ainsi que des personnalités indépendantes actives dans la lutte pour la révolution.
« Cette coalition est un front politique et non essentiellement électoral. Elle œuvrera à réaliser les objectifs de la révolution et constitue un troisième pôle de concurrent à la troïka au pouvoir et à l’Appel de la Tunisie », a indiqué Hamma Hammami, président du Parti tunisien des travailleurs (Ptt) à l’agence Tap. Cette « troïka » est composée du parti Ennahdha et de deux partis du «centre gauche » : le Congrès pour la République (CpR), du président provisoire Moncef Marzouki, et Ettakatol, du président de l’Assemblée nationale constituante. L’Appel de la Tunisie, lui, réunit des forces qui était alliées ou tolérés par le régime de Ben Ali.
Sources : www.elwatan.com ; www.kapitalis.com ; Le Temps, 14/08/2012.

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