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Andrée OGER, conseillère départementale communiste de l'Eure Andrée OGER est maire honoraire de Croth, conseillère départementale de Saint André de l'Eure et chevalier de la Légion d'Honneur.

6 millions de français à plus de 30 minutes d'un service d'urgence ! Bientôt un nouveau type de victimes de la route ?

Solidaire

Une étude montre que près de 10 % des français sont à plus de 30 minutes d'un service d'urgence, mobile ou non.

Le décès d'un bébé sur une aire d'autoroute près de Figeac a relancé le débat sur la fermeture des maternités de proximité que le pouvoir précédent, de droite, avait violemment accéléré.

Les travaux d'un professeur français viennent compléter ce tableau bien sombre d'une France qui régresse sanitairement avec la réalisation d'une carte du temps d'accès aux services d'urgence.

C'est que François Hollande avait fait un point fort de son programme sur la santé, en promettant de fixer " un délai maximum d'une demi-heure pour accéder aux soins d'urgence". Le candidat socialiste devait revenir sur cet engagement, le mardi 13 mars à Romans, dans la Drôme, lors d'une table ronde organisée avec des professionnels de santé.

A l'époque, la droite lui rétorquait que 95 % des français avaient accès à des services d'urgence en moins de 15 minutes.

Pour y voir plus clair, Emmanuel Vigneron, professeur d'aménagement sanitaire à l'université de Montpellier et auteur du livre Les Inégalités de santé dans les territoires de français (Elsevier Masson, 2011), vient de réaliser la carte du temps d'accès aux structures d'urgences, soit dans les services dans les hôpitaux, soit à d'arrivée du service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR).

Il en ressort que 90,4 % de la population y a accès en moins de 30 minutes."Cela fait plus de 6 millions de Français de métropole qui n'ont pas un accès rapide aux urgences, auquel il faut ajouter des habitants des DOM-TOM ", commente-t-il.

On peut déjà ergoter sur 30 minutes : est-ce assez ou trop long ? En tout cas, on est déjà bien loin des affirmations de l'UMP et de son quart d'heure !

Mais, que peut-on dire d'un système de santé qui place plus de 10 % de sa population dans des temps d'arrivée des secours spécialisés (SAMU-SMUR) de 30 à 45 minutes, voire plus d'une heure dans certains secteurs ?...

On pourra toujours dire que certains secteurs isolés ne peuvent pas être aussi bien desservis que d'autres. D'accord !

Mais, si l'on regarde la carte d'Emmanuel Vigneron, certains secteurs éloignés des secours se situent en plaine, essentiellement en zones rurales et semi-rurales ! Ces citoyens auraient-ils le devoir de payer des impôts mais n'auraient-ils pas le droit d'être secourus et sauvés dans des conditions et des délais décents ?

Ce sont d'ailleurs les territoires en bordures de limites départementales qui sont affectés, là où la population se trouve éloignée de la préfecture où l'Etat a concentré ce qu'il reste de secteur médical public.

Cette disparition des services publics de santé dans les zones les moins peuplées des territoires se constate plus généralement sur tous les services publics : fermetures d'écoles, fermetures de bureaux de poste, fermetures de gendarmeries, de trésoreries publiques, concentration des services d'intervention des télécoms ou d'EDF,... la "rationalisation" des dépenses entraine un abandon du territoire par l'Etat lui-même.

Au niveau des secours sanitaires, si l'on regarde la Haute-Normandie, l'Eure est concernée, notamment sur le sud-est du département et, surtout, en bordure nord, près de la Seine-Maritime. Ce département est d'ailleurs particulièrement désavantagé puisqu'une grande partie de son territoire est à 30 - 45 minutes d'un secours sanitaire et qu'une partie, aux confins de la Somme et de l'Oise, est même à plus d'une heure !

Les combats que mènent un peu partout les comités de défense de l'hôpital public visent notamment à éviter cette effondrement du maillage sanitaire français. Ne voir la santé que comme un coût qu'il faut réduire (les technocrates parlent de "rationaliser"), c'est forcément créer des zones noires, des trous, et exposer une partie de nos concitoyens à des risques sanitaires accrus.

Cette question concerne tout le monde et pas seulement ces 10 % de français. Cela concerne tout le monde car nous pouvons a tout moment être victimes d'un problème de santé en traversant une de ces zones : accident, malaise, accouchement,...

D'autre part, les reculs constatés en France sur des questions essentielles de vaccination font courir des risques à toute la population. Les suivis chancelants et les prises en charge de moins en moins importantes par la Sécu de certains soins et vaccins y sont pour beaucoup.

On peut facilement imaginer que lors d'un hiver particulièrement rigoureux (neige ou verglas) ou avec des intempéries fortes (grands vents, inondations,...), ces zones éloignées des secours se trouvent soudainement très agrandies !

Dans l'Eure, que ce soit pour la qualité des services offerts par les gros hôpitaux existants (Evreux-Vernon) ou pour le maintien des hôpitaux de proximité ou des maternités (Bernay, Gisors,...), il s'agit de question de santé publique qui concerne tous les eurois et, au delà, tous les français.

Parce que la santé n'est pas une marchandise, c'est au service public d'assurer un égal accès de tous aux services de secours d'urgence, aux hôpiatux, aux maternités comme à la médecine générale et spécialisée. C'est le rôle fondamental de l'Etat, celui qui lui est assigné par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Avec ses militants et ses élus, le Parti communiste s'investit activement pour défendre hôpitaux et maternités, pour exiger un meilleur remboursement des actes médicaux et des médicaments.

Sur ce dossier, comme sur les autres, la gauche au pouvoir ne doit pas décevoir. Elle ne doit pas flancher face aux règles à calcul ni face aux appétits du secteur privé, toujours prêt à investir là où cela peut lui rapporter de l'argent.

Contrôler le prix des médicaments, contrôler les tarifs médicaux, supprimer les abattements de charges sociales accordés aux entreprises, c'est assainir les comptes de la Sécu.

Maintenir des hôpitaux et des maternités publics pour mailler le territoire, former plus de médecins, embaucher des infirmiers et des aides-soignants, c'est assurer l'avenir sanitaire de notre pays.

Ce serait éviter à l'avenir que d'autres bébés ne meurent avant d'arriver à la maternité. Ce serait éviter que n'apparaisse une nouvelle catégorie de victimes de la route : les patients éloignés des services sanitaires de secours.

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